« On ne pourra plus reconstituer des peuplements forestiers à l'identique »

Arrivée en France il y a une douzaine d’année, la chalarose du frêne a marqué les paysages et les esprits. La maladie continue de se propager à vitesse grand V. Notamment en Bourgogne-Franche-Comté, la région française la plus durement touchée. Le programme de recherche Chalfrax, cofinancé par la Région, vient de livrer une partie de ses conclusions*. L’occasion pour Sylvain Mathieu, vice-président en charge du bois et de la forêt, de faire un point sur l’état de santé de nos forêts bourguignonnes et francs-comtoises.

Sylvain Mathieu, comment la chalarose du frêne est-elle arrivée chez nous, en Bourgogne-Franche-Comté ?
Elle est arrivée de Chine en Europe de l'Est, par l'importation de plants de frêne qui étaient contaminés, en 2008. Depuis, elle s'est propagée de l'Europe de l'Est vers l'Europe de l'Ouest et elle est arrivée en France par le sud de l'Alsace, Belfort et la Haute-Saône. La Haute-Saône est le département français le plus touché et la Bourgogne-Franche-Comté est la région française la plus touchée. Les frênes meurent massivement, notamment les plus jeunes. C'est une vraie catastrophe.

 

Sylvain Mathieu (au centre), vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté en charge du bois, de la forêt et de la montagne - Photo David Cesbron
Sylvain Mathieu (au centre), vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté en charge du bois, de la forêt et de la montagne - Photo David Cesbron

Quelles sont les solutions pour lutter contre la maladie ?
Il n'y a pas vraiment de solution. La seule qu'on entr'aperçoit, c'est que certains frênes semblent résistants, donc on espère pouvoir en conserver un peu et reconstituer des forêts de frêne à partir de ceux-ci.

La chalarose n’est pas la seule maladie du bois qui touche nos forêts : dans quel état sont nos forêts aujourd’hui ?
En effet nos arbres et nos forêts sont soumis à rude épreuve ces dernières années ! Chaque essence d'arbre a ses caractéristiques et ses problèmes spécifiques : pyrale du buis, chalarose du frêne, scolyte typographe sur épicéa commun, tous ces agents pathogènes, qu'ils soient champignons ou insectes, ont différentes origines. Le réchauffement climatique est le problème n°1 car il affaiblit les arbres et les rends vulnérables ; en plus il peut favoriser la prolifération de certains pathogènes, comme c'est le cas du scolyte typographe. Ces agents pathogènes font mourir des centaines de milliers d'arbres, voire des forêts entières.

Quelle sont les actions que la Région peut mettre en œuvre pour lutter contre toutes ces maladies du bois ?
Globalement on est assez démunis car il n'existe pas de remède, on ne peut que constater les dégâts puis les réparer. Pour la chalarose du frêne, la Région soutient le programme de recherche Chalfrax. Pour la pyrale du buis personne ne sait vraiment quoi faire. Pour le scolyte typographe de l'épicéa commun, la Région est aux côtés de la filière pour gérer l'afflux de bois scolytés sur le marché et aider à le stocker en attendant de pouvoir l'utiliser lorsque la crise sera passée. Ensuite il faudra aider les propriétaires à régénérer les parcelles sinistrées, mais avec quelles essences ? On ne pourra plus reconstituer des peuplements forestiers à l'identique et avec une seule essence. Le maître-mot à l'avenir sera "biodiversité"...

 

*Les conclusions du programme Chalfrax ont donné lieu à la réalisation d’une émission webTV accessible à tous. Elle présente 4 séquences qui comporteront chacune des reportages et des débats sur le plateau grâce à la présence d’experts spécialistes, représentants de la filière forêt-bois et personnalités politiques.

Le frêne face à la chalarose, les défis de demain

Plan d’accélération : 1 million d’euros pour construire des plateformes de stockage de bois « scolytés »

Pour ralentir la prolifération des scolytes, insectes xylophages qui s’attaquent aux épicéas, il n’y a qu’une solution : couper et enlever rapidement les bois contaminés. La filière fait ainsi face à un afflux de bois d’épicéas coupés dans le cadre de ces prélèvements d’urgence. Ce bois peut encore être valorisé, à condition de pouvoir être stocké dans de bonnes conditions. Dans le cadre de son plan d’accélération de l’investissement régional, la Région a donc débloqué une enveloppe d’1 million d’euros pour construire des plateformes de stockages de bois individuelles ou collectives. Le règlement d’intervention dédié sera prochainement mis en ligne.

Une attaque de scolyte peut, en un été, décimer une forêt entière - Photo DR

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Article du 20/11/2020 08:48, modifié le 23/11/2020 11:12

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