Dans le cadre de sa compétence en faveur de la lutte contre l’illettrisme, la Région finance le Dispositif de Formation Linguistique (DFL). A Besançon, le CRIF dispense pour le compte de la Région des cours de français pour les étrangers qui souhaitent vivre et travailler en France.
Ils s’appellent Roei, Jamil, Nora, Naouel, Ludmila, Svetlana. Ils sont syriens, iraniens, algériens, ukrainiens et ont fui leur pays ces derniers mois, pour diverses raisons : échapper à la guerre, à la misère, à l’oppression, ou pour rejoindre leur conjoint. Leur priorité : apprendre le français. « Car si vous ne maîtrisez pas la langue française, rien n’est possible », a rappelé Marie-Guite Dufay.
La Présidente de Région est venue ce mardi 16 janvier 2024 à leur rencontre dans les bureaux du CRIF de Besançon, l’organisme de formation spécialisé dans l’apprentissage du français, pour présenter ses vœux à ces hommes et ces femmes en parcours d’insertion.
Quelques jours avant la promulgation de la loi Immigration, votée par le Parlement le 19 décembre, Marie-Guite Dufay a tenu à réaffirmer son soutien au CRIF et aux 21 structures régionales qui travaillent sur l’apprentissage du français. « La société française est une société profondément solidaire, accueillante ; mais au niveau des autorités, nous entrons dans une période qui se durcit, ici comme dans toute l’Europe. Je suis inquiète car la France a besoin de s’ouvrir, on a besoin des compétences de tout le monde. »
« Je suis fière de moi »
Pour accueillir Marie-Guite Dufay, l’association avait convié d’anciens et d’actuels stagiaires à venir témoigner de leur parcours. Comme Diana, réfugiée politique russe depuis 4 ans. Elle a suivi avec succès le parcours DLF et poursuit aujourd’hui une formation pour devenir secrétaire. Manuella a quitté l’Angola en 2019. Arrivée en France comme demandeur d’asile, elle a suivi le cursus de 400 heures de cours de français du CRIF : « Je ne parlais pas du tout français. J’avais peur de ne pas y arriver. C’était dur. Mais aujourd’hui, je me débrouille. Je suis fière de moi. Je peux désormais réfléchir à mon avenir en France : passer mon permis et devenir conductrice de bus. »
Roei était architecte, Jamil documentaliste. Tous deux syriens, ils ont fui la guerre et ont tout à reconstruire en France. Même combat pour Ludmila et Svetlana, arrivées d’Ukraine. La première officiait comme infirmière dans son pays, la seconde était professeure de russe : « Comme je ne parle pas bien français, j’aimerais commencer comme aide-soignante », espère Ludmila, installée depuis 2022 à Besançon avec son mari et ses trois enfants.
« Le point de départ, c’est l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) qui réalise un premier niveau d’apprentissage langagière. Ils sont ensuite orientés chez nous pour suivre une formation intensive en français de plusieurs mois, à raison de 19 à 25 heures de cours par semaine », explique Marie-Claude Mullo, la Présidente de l’association. Pour bénéficier du dispositif, les stagiaires doivent obligatoirement viser une insertion professionnelle en ayant la volonté de rester durablement en France : « On ne peut pas bénéficier du DFL si c’est juste pour apprendre le français pour aider ses enfants à faire ses devoirs », complète Marie-Claude Mullot.
Prioritairement destiné aux personnes ayant été scolarisées en France mais qui ont perdu l’usage de la langue française, le DFL est aussi ouvert aux personnes pour qui le français est une langue étrangère. En 2024, la Région consacrera un budget de 5 millions d’euros pour soutenir le DFL sur l’ensemble du territoire. Comme en 2023, au moins 1 500 personnes devraient pouvoir en bénéficier.
Appelés à témoigner à leur tour, les plus anciens ont déjà mis les pieds dans le monde de l’entreprise ; comme Suir, l’ex-luthier albanais, désormais polisseur chez un célèbre bijoutier bisontin. Ou Nonna, l’ukrainienne devenue opératrice sur machine chez un industriel franc-comtois. Des exemples pour Roei, Jamil, Nora et les quelques 140 personnes étrangères qui passent par la case CRIF de Besançon chaque année.
La peur de l’embauche
Naile est albanaise : en France depuis 9 ans, elle n’a entrepris ses démarches de régularisation que depuis deux ans. Après son DFL, elle a décroché un poste de cuisinière et de plongeuse au sein de la coopérative ouvrière carte Blanche. C’est Romain Marion, co-fondateur de la SCOP qui l’a engagée : « C’est la première fois que j’embauchais une personne étrangère. Elle avait tous ses papiers. Mais malgré ça, je me suis posé des questions, car il y a beaucoup de freins ».
Romain a sauté le pas et ne regrette pas son choix. Naile non plus : « Ça me plait. Mais mon rêve ce serait de devenir coiffeuse : peut-être plus tard ? ».
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