En décembre 2021, la dix-neuvième réserve naturelle régionale voyait le jour au cœur du parc naturel du Haut-Jura. Un peu plus d’un an après son classement, l’ensemble des membres du comité consultatif se sont réunis pour définir les projets à développer ces prochaines années.
Elus, usagers, agriculteurs, institutionnels, propriétaires terriens… Tous se sont réunis pour la première fois autour d’une même table, à la mairie annexe de Prénovel à Nanchez (39), afin de dresser un premier plan de gestion pour la nouvelle réserve naturelle régionale (RNR) des Tourbières du Bief du Nanchez.
Ce premier comité consultatif, qui s’est tenu le jeudi 13 avril dernier, avait pour but poser les jalons de futures opérations, menés à court ou à long terme. Il a été présidé par Frédéric Poncet, conseiller régional délégué à l’orientation et à Pôle Emploi, secondé par Yvan Auger, maire de Nanchez, élu vice-président du comité.
A propos
« Ce plan de gestion permet d’établir sur cinq à dix ans les objectifs et les enjeux pour les tourbières, explique Laurane Palanchon, chargée de mission milieux naturels et conservatrice de la RNR, au Parc naturel régional (PNR) du Haut-Jura, le gestionnaire depuis janvier 2022. C’est aussi l’occasion de lancer quelques diagnostics pour faire un état des lieux de ce site tourbeux à la biodiversité très riche (lire par ailleurs). Par exemple nous allons démarrer une étude exploratoire de la qualité de l’eau qui prend tout son sens dans un site marécageux tel que celui-ci. »
A propos
25 000 euros consacrés à la réserve en 2023
Pour rappel, le site des Tourbières du Bief du Nanchez a été classé le 17 décembre 2021 par la Région Bourgogne-Franche-Comté, conformément à la procédure prévue par le Code de l’environnement. Le dossier de demande de classement du site en RNR avait été déposé début 2021, auprès du Conseil régional, par PNR du Haut-Jura et par la commune de Nanchez. En 2023, près de 25 000 euros sont investis pour ces tourbières, financés à hauteur de 90% par la Région.
Réintroduire la saxifrage œil-de-bouc
Le projet principal de 2023 a pour sujet une petite fleur jaune rare qui fleurit en été : la saxifrage œil-de-bouc. « C’est une plante en danger critique d’extinction, détaille Laurane Palanchon, présente exclusivement en France dans les tourbières de transition du massif Jurassien. Cette fleur est en régression depuis une vingtaine d’années, on ne comptait plus qu’une seule station (site où la présence d’un végétal est référencée) dans le Haut-Doubs, en 2017 ».
Protégée à l’échelle nationale, la saxifrage fait l’objet d’un plan de réintroduction au Bief de Nanchez. Le Conservatoire Botanique National Franche-Comté a lancé en 2017, après une dizaine d’année de recherche, un projet de réintroduction de la plante. Il est prévu de réintroduire, d’ici la fin du printemps, 1 000 jeunes pousses de saxifrage œil-de-bouc dans les marais de la réserve régionale. Les plants seront suivis durant quatre ans.
Les Tourbières du Bief du Nanchez, l’habitat de nombreuses espèces protégées
D’une surface de près de 49 hectares, la réserve naturelle est située sur les communes de Nanchez et de Grande-Rivière Château (communauté de communes La Grandvallière), dans le département du Jura. Elle accueille une biodiversité riche et variée. Située en fond de combe, la regroupe une grande variété de milieux. Cours d’eau, prairies, pelouses et forêt de pente se juxtaposent à un complexe tourbeux caractéristique des tourbières jurassiennes. Cette mosaïque paysagère abrite une biodiversité riche, dont certaines espèces protégées et rares (papillons, oiseaux, libellules, etc.).
Dans les années 1960, les deux cours d’eau ont été rectifiés afin d’améliorer l’exploitation agricole de la zone. Le drainage qui en résultait a mené à une perte de valeur écologique des zones humides attenantes. Des travaux de réhabilitation ont été mis en œuvre pour corriger les impacts de cette rectification, ce qui permettra à terme aux cours d’eau et à la tourbière de retrouver une bonne fonctionnalité. Une boucle pédestre aménagée permet la découverte de la réserve dans le respect des milieux humides sensibles grâce à un platelage installé dans la tourbière et à des panneaux informatifs.
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