Avec Carole Georges, la faïence de Nevers retrouve ses lettres de noblesse

Série « Elles font la Bourgogne-Franche-Comté ». Chaque semaine, de mars à juin 2021, la Région Bourgogne-Franche-Comté met à l’honneur des femmes remarquables, dans le cadre du Printemps de l’égalité.

Elle était directrice artistique d’une agence de communication parisienne. Lui travaillait au ministère de l’emploi. Des vies stables, agréables. Carole Georges et son mari Jean-François Dumont ont pourtant tout plaqué, un jour de juin 2010 : « mes parents tenaient la faïencerie Georges, à Nevers. Ils partaient en retraite. Sans repreneur, c’était la fin d’une aventure familiale de plus de 100 ans » se rappelle Carole, qui revoit défiler ses souvenirs d’enfance, lorsqu’elle déambulait dans la faïencerie pendant que ses parents travaillaient l’émail.
Le couple fait le choix risqué de revenir en province et de reprendre une manufacture alors moribonde. Maîtres de la faïencerie française au 18e siècle, les faïenciers de Nevers ne sont plus que deux sur la place, et ils peinent à se renouveler. Les décors traditionnels de fleurs et d’oiseaux en camaïeu de bleu ne font plus vendre : « On a voulu bousculer tout ça, en créant des visuels très contemporains. La clientèle locale, les habitués, n’ont pas tout de suite compris. Mais ça nous a ouvert sur le monde ». 

Aujourd’hui, les créations de Carole, au design, et de Jean-François, à la terre, sont sur les tables des plus grands restaurants du monde. A Milan, à Paris, à Genève, dans les deux établissements d’Alain Ducasse à Tokyo… « L’entreprise a aujourd’hui pris la tournure que l’on espérait. C’est très progressif, fragile, mais on sait que l’on a fait le bon choix. » Des pylônes de lignes à haute tension, des bas-résilles, une pompe à vent, des pingouins, un abribus … Carole dessine au coup de cœur. Elle s’inspire de photographies personnelles, d’instantanés du quotidien, poétiques et éclectiques. Le service traditionnel disparait peu à peu pour laisser place à des collections : les assiettes s’assemblent entre elles pour créer, par 6, par 12, des œuvres d’art à part entière.

Carole va aussi adapter la qualité des pièces à l’exigence des usages contemporains. L’assiette n’est plus seulement décorative, elle est aussi utilitaire et doit pouvoir être utilisée quotidiennement, être moins fragile et passer au lave-vaisselle. Maman de deux petites filles de 10 et 13 ans, elle a fait de la faïencerie son lieu de vie professionnel, mais aussi familial : « C’est comme quand j’étais petite ! Les enfants font leur vie avec nous, à l’atelier. Ils vont à l’école, ils rentrent à pied. On n’a pas d’horaires. C’est une vie faite de douceur et de simplicité. C’est chouette ! »

Ses dates clés

  • 1978 : naissance à Nevers
  • 1998 : études d’histoire de l’art à Dijon
  • 2002 : diplôme de graphiste-illustratrice à Paris
  • 2002 : directrice artistique d’une agence de communication à Paris
  • 2010 : retour à Nevers et reprise de l’entreprise familiale
  • 2013 : prix des jeunes créateurs ateliers d’art de France. La faïencerie Georges obtient le label Entreprise du Patrimoine Vivant
  • 2015 : déménagement de l’atelier au centre de Nevers

 

Ses sources d’inspiration

« C’est notre quotidien, nos vacances, notre région. La vie de tous les jours, en essayant d’en tirer le côté poétique, joyeux.  »

 

Son message pour les femmes

« Agissez en tant qu’être humain, et non en tant que femme. Se poser la question, c’est déjà se mettre en retrait. Il n’y a pas de question à se poser. »

"Elles font la Bourgogne-Franche-Comté" : Carole Georges

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Article du 29/03/2021 15:54, modifié le 16/06/2021 15:02

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