« Les stations de ski face au changement climatique » : c’était le thème des rencontres européennes accueillies les 16 et 17 mars 2021 à Métabief (25). Confrontée aux aléas de l’enneigement et à la remise en cause de son modèle touristique, la station du Haut-Doubs s’est déjà engagée dans une démarche de transition et de diversification.
La nature est parfois facétieuse. Mardi 16 mars 2021, alors que les rencontres européennes « Les stations de ski face au changement climatique » s’ouvraient à Frasne, une belle couche de poudreuse venait de recouvrir le Haut-Doubs. « Il y a un mois, le 15 février, il faisait 15° à Chapelle-des-Bois » a relevé Olivier Erard, le directeur de la station de Métabief. Une illustration de la problématique de variabilité de l’enneigement, à laquelle la montagne jurassienne est aujourd’hui directement confrontée.
Les scientifiques s’accordent sur les effets du changement climatique : hausse globale des températures, élévation de la limite pluie/neige, tensions sur la ressource en eau indispensable à la neige de culture. À un horizon de 20 à 30 ans, les scénarios du GIEC – les experts mondiaux du climat - rendent très incertaine la possibilité de maintenir une activité de ski alpin viable sur les massifs de basse et moyenne altitude comme le Jura.
« Faire le deuil d’investissements intenables »
Dans ce contexte, comment aider les stations de ski à anticiper les impacts du réchauffement et à s’orienter vers un nouveau modèle de développement ? Cette question, à la fois économique, environnementale mais aussi sociale et culturelle, était au cœur des débats de l’événement organisé dans le cadre de la Stratégie de l’Union européenne pour la région alpine (lire ci-dessous) par le Département du Doubs et le Syndicat mixte du Mont d’Or. Tenues en présence de Joël Giraud, secrétaire d’État chargé de la ruralité, ces rencontres marquaient le lancement officiel des États généraux de la transition du tourisme en montagne.
Le lieu n’a pas été choisi au hasard : Métabief fait figure de précurseur dans ce domaine. « Depuis 2015, la viabilité de la station est remise en question par l’évolution climatique ; nous avons été alertés par un retard d’investissement sur les remontées mécaniques qui s’avérait financièrement trop lourd à combler, rappelle Philippe Alpy, maire de Frasne et président du Syndicat mixte du Mont d’Or. Notre territoire a dû faire le deuil de ces investissements devenus intenables. Il a fallu imaginer un futur où le ski alpin n’était plus le cœur du système tout en restant une valeur importante. »
« De l’audace et du courage »
Collectivement, les acteurs du territoire, élus et socioprofessionnels ont défini les contours d’une période de transition jusqu’à l’échéance 2030-2035. Le domaine skiable actuel a été analysé à l’aune des modèles climatiques afin de cibler les investissements sur les secteurs les plus viables. Ce maintien raisonné de l’activité neige s’accompagne d’une diversification des activités touristiques et d’une mutualisation avec les territoires voisins. « À terme, la neige ne représentera plus 50 % du chiffre d’affaires mais 10 ou 20 % » résume Olivier Erard. De station de sport d’hiver, Métabief se convertit en station de montagne. Avec une large palette d’activités de plein air (randonnée, VTT, trail, vélo électrique…) accessibles à tous, y compris aux personnes en situation de handicap.
Cette démarche d’anticipation et d’adaptation est accompagnée financièrement par la Région Bourgogne-Franche-Comté, via notamment les contrats de stations (signés avec Métabief et Les Rousses) et le développement de l’itinérance touristique douce. Les efforts de la station de Métabief ont été particulièrement salués par la présidente Marie-Guite Dufay : « Au départ, il y a eu une vision. Ensuite, il vous a fallu de l’audace et du courage pour évoluer vers un tourisme quatre saisons plus conforme aux réalités à venir et plus vertueux sur le plan environnemental. »
Une stratégie européenne pour les régions alpines
Les rencontres des 16 et 17 mars 2021 à Frasne et Métabief ont été organisées dans le cadre de la présidence française de la Stratégie de l’Union européenne pour la région alpine (SUERA). Cette démarche vise à mieux prendre en compte les enjeux de la région alpine dans leur globalité et à y répondre dans un cadre de coopération européenne renforcé.
La SUERA se compose de sept États (Autriche, France, Allemagne, Italie, Slovénie, Suisse, Liechtenstein) et de 48 Régions. Dont la Bourgogne-Franche-Comté puisque le massif du Jura fait partie de la macro-région alpine à l’échelle européenne.
Chaque année, un État et/ou des Régions assurent la présidence de la Stratégie. En 2020, la présidence française a succédé à la présidence italienne. Gouvernance inédite associant collégialement l’État et trois Régions – Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte-D’azur -, elle a été prolongée en 2021 du fait de la crise sanitaire.
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