Festivals : « On navigue à vue »

Une pluie d’annulations est en train de s’abattre sur les festivals de l’été. Dans l’incertitude depuis plusieurs semaines, les organisateurs sont désormais fixés : d’ici le 15 juillet, aucun rassemblement de grande envergure ne pourra se tenir en France, dixit le Président de la République lundi 13 avril.
Dès le lendemain, les Eurockéennes de Belfort (90) étaient les premières à jeter l’éponge. Le festival, qui rassemble chaque année 130 000 personnes début juillet, n’a même jamais pu envisager un report : avec 22 groupes programmés, pour la plupart internationaux, et d’énormes têtes d’affiches (DJ Snake, Massive Attack, Simple Minds…), seule l’annulation pure et simple est apparue comme option.

D’autres ont suivi le même chemin. C’est le cas du Catalpa Festival à Auxerre (89), de Cirque et fanfares à Dole (39) ou des Musicaves à Givry (71).

Partenaire de la plupart des grands évènements qui se déroulent sur son territoire, la Région Bourgogne-Franche-Comté a d’ores et déjà indiqué qu’elle allait maintenir le bénéfice des subventions accordées, « au prorata des dépenses engagées et non remboursables ». Et précisé : « les structures associatives mises en difficulté par cette disposition générale pourront présenter une réclamation argumentée qui sera alors instruite dans la limite de la subvention accordée. »
Mais dans ce flot d’annulations, il y a aussi quelques bonnes nouvelles. Certains festivals ont réussi la prouesse de reporter leur programmation à une autre date, plus tard dans l’année. C’est le cas par exemple du Vyv festival, initialement prévu les 13 et 14 juin sur le site de la Combe à la Serpent (21). Le festival dijonnais a l’avantage d’avoir une programmation française, plus « facile » à remobiliser. Aloïse Sauvage, Nekfeu, Romeo Elvis, Philippe Katerine, Catherine Ringer et IAM devraient donc être au rendez-vous de l’édition 2020, décalée les 5 et 6 septembre.

A Gray (70), Rolling-Saône a également réussi à décaler sa programmation (du 21 au 23 mai -> du 27 au 29 août, tout comme le Festival de musique de Besançon-Montfaucon (25) (du 25 mai au 2 juin -> du 27 au 30 août) ou encore le Festival de la manufacture d'idées à Hurigny (71) ( du 20 au 24 mai -> du 21 au 23 août) qui proposera un festival en version « raccourcie et remaniée ».

Et les festivals programmés en août ont pour l’instant maintenu leur programmation. Dans l’attente d’une nouvelle annonce…
Les festivaliers croisent donc les doigts dans l’espoir d’applaudir Jean-Louis Aubert, IAM et Therapie Taxi au Festival de la Paille à Métabief (25) les 31 juillet et 1^er août, ainsi que Ken Boothe, Danakil et Flavia Coelho au No logo Festival de Fraisans (39) du 14 au 16 août.

Pour beaucoup d’autres, c’est l’incertitude. Très attendu, Chalon dans la Rue (qui doit commencer le 22 juillet) communiquera semaine prochaine sur les suites à donner à son festival qui attire 140 compagnies d’arts de la rue et 220 000 spectateurs.  Le Cluny Danse festival (71), les Zacros de ma Rue à Nevers (58) et le festival Bien urbain à Besançon (25) aimeraient trouver une date d’ici cet automne.

Mais tout est compliqué : « Nous sommes tributaires des décisions gouvernementales françaises, des décisions des pays étrangers car les tournées se construisent avec plusieurs festivals européens, et de l'évolution de cette pandémie sur laquelle personne n'a aucun pouvoir... » indique Elisabeth Levannier, programmatrice du festival Blues en Loire (58), qui doit se tenir du 16 au 22 août. « Nous travaillons à une édition moins ambitieuse, dans des lieux de plein air où les spectateurs ne seraient pas exposés à des contacts rapprochés. Mais nous naviguons à vue, sans budget précis puisque les attributions de subventions seront sans doutes retardées par cette catastrophe inédite. »