Elle redonne vie à la ferme familiale, 30 ans après

La vie à la ferme, ce n’était pas pour elle. Plus attirée par le ballon ovale et le sport en général, Pauline Badin a suivi ses envies, une fois son bac en poche : elle aurait pu reprendre la ferme familiale, ancrée en Bresse jurassienne, à Courlaoux, depuis près de 100 ans, mais elle a préféré prendre le chemin de Montpellier pour entamer des études de communication dans le milieu sportif. Un Bachelor plus tard, elle est embauchée par une fédération héraultaise. Après huit années à oeuvrer comme chargée de communication, la COVID-19 vient bousculer ses plans : « Comme pour beaucoup, ce fut une période de remise en question. J’avais fait le tour de mon poste, sans évolution possible. Ma famille me manquait. À Courlaoux, j’avais une ferme et des terres qui m’attendaient. » Et un peu de pression aussi ! Fille unique, il n’y avait plus qu’elle pour reprendre le flambeau familial.

30 ans après, la ferme revit
En 2021, elle est donc de retour en terre bressane. Après un an de formation au CFPPA de Montmorot, elle reprend officiellement la ferme familiale, trente ans après sa fermeture. « En fait, je pense que ça a toujours été en moi ; mais j’ai eu besoin de faire autre chose avant pour m’en rendre compte. » La volaille de Bresse s’impose comme une évidence à l’heure de faire son choix d’orientation agricole. Son arrière-grand-père élevait déjà des volailles de Bresse à Courlaoux dans les années 1930. Jean-Pierre, son père, a poursuivi l’aventure jusque dans les années 1990 : « Il a alors décidé de se consacrer uniquement à la commercialisation des volailles et a arrêté l’élevage. J’avais deux ou trois ans, je n’ai aucun souvenir d’avoir vu des poulets courir dans les prés ! » Pauline a tout à apprendre. Heureusement, elle peut compter sur le soutien précieux du comité interprofessionnel de la volaille de Bresse, de ses voisins éleveurs et surtout d’un papa omniprésent à ses côtés : « C’était une sacrée surprise de la voir revenir, mais aussi un grand bonheur de pouvoir transmettre la ferme à la quatrième génération », se rappelle Jean-Pierre.

« Je ne reviendrai pas à ma vie d'avant »
Les premiers poussins arrivent à la ferme en mars 2023. Aujourd’hui, elle élève un peu plus de 5 000 poulets et poulardes à l’année. Une grande partie de sa production est écoulée par un ami éleveur en Saône-et-Loire. Le reste est commercialisé en vente directe à la ferme : « Je suis à 30 %. Je dois encore me faire connaître. » Pauline n’en est qu’au début. Des premiers contacts ont été noués avec des restaurateurs locaux, séduits par la qualité de ses produits. La Jurassienne savoure : « Je ne reviendrai pas à ma vie d’avant. C’est du travail, mais il y a une liberté, un cadre de vie…», conclut Pauline.

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