Verte, blonde, rose ou noire : après plusieurs décennies d’oubli, la lentille effectue un retour remarqué dans nos assiettes. Elle retrouve également sa place dans nos champs, même si le potentiel de développement de cette culture est encore sous-exploité.
Adopter une alimentation durable, respectueuse de l’environnement et sans impact sur le climat revient souvent à s’inspirer des pratiques de nos ancêtres. Ainsi, les légumes secs ou légumineuses –haricots, lentilles, pois, fèves– ont été, pendant des siècles, la base des repas. En association avec les céréales, ils assuraient un apport suffisant de protéines.
Le Dictionnaire du commerce et des marchandises de 1841
rapporte que « dans la Bourgogne et la Franche-Comté, on sème souvent des haricots entre les rangées de maïs, et on obtient ainsi du même sol deux récoltes. » Dans la seconde moitié du 20ème siècle, la spécialisation agricole et le développement des grandes cultures ont sonné le glas de ces productions ancestrales. Toutefois, la toponymie en évoque encore le souvenir, comme les lentillères, nom donné aux espaces maraîchers de la ville de Dijon. Ces dernières années, l’essor de l’agriculture biologique signe un retour en grâce des légumineuses. Leurs atouts sont en effet nombreux. Au plan agronomique, elles permettent de diversifier les cultures, ce qui les rend plus résistantes aux maladies et aux ravageurs. Elles ont aussi la particularité de fixer naturellement dans la terre l’azote qui se trouve dans l’air : pas besoin d’engrais chimique pour amender les sols ! Et pour le consommateur, elles ont tout bon : riches en protéines végétales, fibres, minéraux, vitamines et pauvres en lipides, elles sont également bon marché.
Importations massives
Du chemin reste encore à faire puisqu’en France nous mangeons deux fois moins de légumes secs que la moyenne européenne et quatre fois moins que la moyenne mondiale. En outre, nous importons 80 % des lentilles, haricots, pois et fèves que nous consommons. Ces aliments, issus d’une agriculture intensive, proviennent principalement du Canada et de la Chine… Raison de plus pour soutenir nos producteurs locaux !
Le retour en grâce des légumes secs
Aliments de base de nos ancêtres, les légumineuses ont tout pour séduire les consommateurs du 21e siècle. L’essor de l’agriculture biologique signe leur retour en Bourgogne-Franche-Comté.
“Les lentilles, c’est avant tout pour la rotation”
L’Yonne est le premier département producteur de lentilles en Bourgogne-Franche-Comté. Témoignage de Vincent Boursier, agriculteur bio à Joux-la-Ville. (89)
En 2010, Vincent Boursier a repris la ferme de 200 ha que son père avait convertie en agriculture biologique dès 2003. À Joux-la-Ville, au nord d’Avallon, les Boursier ont compris que le modèle des grandes cultures céréalières, organisées autour du triptyque blé-orge-colza, avait ses limites. Pour obtenir des rendements satisfaisants sans avoir recours aux pesticides, la solution, c’est la rotation : une grande diversité de cultures produites successivement et alternativement sur une même parcelle.
« Il faut au moins six cultures de rotation, sinon on a des problèmes de parasitisme et de maladie. En outre, certaines cultures sont plus couvrantes que d’autres, du coup les mauvaises herbes ont moins tendance à sortir » explique l’agriculteur icaunais qui produit du blé, de l’épeautre, de l’engrain (petit épeautre), du seigle, de l’orge de printemps, du lin. Et des lentilles sur 20 ha. « Les lentilles, c’est avant tout pour la rotation. On fait plutôt de la lentille verte qui craint moins le sec. En 2019, j’ai essayé la lentille noire dite beluga, car elle était mieux rémunérée par la coopérative. Mais les cultures ont souffert du coup de chaud en juin. »
Une à trois graines par gousse
Les lentilles sont semées entre février et mars pour une récolte, à la moissonneuse-batteuse, en juillet. Les plants, hauts de 40 centimètres, comportent plusieurs gousses qui contiennent de une à trois graines. « Cette année, j’ai semé avec de la cameline pour faire des tuteurs » précise Vincent Boursier, sur le modèle des haricots tarbais qui grimpent sur les pieds de maïs.
Il vend sa production à COCEBI. Cette coopérative 100 % bio, dont le siège est à Nitry (89), a commercialisé 1 377 tonnes de lentilles en 2018. Quelques sachets de lentilles vertes ou beluga sont également disponibles dans le magasin de Vincent, qui est aussi apiculteur, à Annay-la-Côte.
De la bonne graine pour les chercheurs
Malgré leurs multiples atouts et un marché en croissance, les légumineuses (soja compris) ne représentent que 12 % de la surface agricole française. Pour développer des productions locales, il est donc nécessaire de structurer la filière, stabiliser les rendements et s’assurer de nouveaux débouchés. Le pôle de compétitivité agroalimentaire des régions Bourgogne-Franche-Comté et Île de France s’y emploie. Basé à Dijon, Vitagora travaille en effet sur quatre projets de recherche dédiés aux légumineuses. Parmi eux, Leg’Up qui vise à développer des ingrédients neutres en goût, issus des pois et féveroles. Ces derniers pourraient, par exemple, entrer dans la composition de biscuits. Ce projet, auquel participe la coopérative Dijon Céréales, est co-financé par l’Union européenne et la Région Bourgogne-Franche-Comté.
Trois jours après, une assemblée dédiée à Nathalie Leblanc
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