Quoi de mieux, pour en savoir plus sur le vignoble bourguignon, que d’arpenter la route des grands crus ? A l’occasion des 10 ans du classement des climats au patrimoine mondial de l’Unesco, nous avons testé un vignoble emblématique, ainsi que la découverte du métier de vigneron et la cité des climats et des vins. Tour d’horizon.
Christophe Chauvel nous ouvre les portes du Clos Frantin situé à Nuits-Saint-Georges (21). Un domaine confidentiel appartenant à la maison Albert Bichot, qui a fait le choix du bio. L’entrée est modeste. Seul un écriteau portant l’inscription du Domaine du Clos Frantin nous indique
que nous n’avons pas fait fausse route. Le cheminement jusqu’aux vignes nous réserve une belle surprise. Derrière les plants de vigne, se dresse une ex-maison de négoce, ancienne parcelle des hospices de Nuits.
Christophe Chauvel, régisseur, connaît le domaine comme sa poche. Il y travaille depuis 25 ans. Il a vu les 2 hectares de pinot noir classé en Bourgogne Côte-d’Or évoluer au fil du temps. Pendant 10 ans, le domaine a préparé son passage au bio. « Prendre le temps, nous a permis de ne pas renoncer. Dans plusieurs régions, les raisons de se convertir au bio étaient économiques. Mais pas en Bourgogne où même ceux qui produisaient les efforts ne cherchaient pas à décrocher le macaron. Le but, ce n’était pas de faire du vin bio, mais de respecter la culture de la vigne et les gens qui la travaillaient. »
Le classement des climats au patrimoine mondial de l’Unesco n’a pas eu d’impact sur le travail en agriculture biologique. « La bio, c’est beaucoup d’observation, du travail préventif et de l’anticipation. Cela demande aussi plus de risque et un rattrapage parfois impossible, de la disponibilité et du personnel. On estime que le surcoût du bio, comparé à l’agriculture conventionnelle, est de 30 %. »
Pour en savoir plus, Christophe nous guide jusqu’au domaine de Château Gris, situé à 2 kilomètres. Ses terrasses de vignes sont propices à un relief qui subit des courants d’air. Son sol argileux, idéal pour la vigne, colle aux baskets. Là, le régisseur passionné me montre les pieds des vignes, le bourgeonnement et leurs particularités. Difficile de se projeter sur les vendanges 2025. Direction les caves de la maison nuitonne. « En Bourgogne, on visite plus les caves que les greniers », relève, malicieux, notre guide du jour. Attention à la tête ! L’accès nécessite de se baisser pour pouvoir goûter aux meilleurs breuvages. Avant la dégustation, la cave recèle ses secrets notamment sur les appellations, encore une fois liées aux climats et aux propriétés du fût de chêne. La pièce est capable d’accueillir jusqu’à 800 fûts. L’occasion d’en apprendre plus sur ce matériau, qui patiente 150 ans avant d’enfermer les plus grands crus.
Pour tout savoir sur les climats, cap sur la cité de Beaune
Direction Beaune et sa cité des Vins sortie de terre en 2023. L’édifice, qui s’inspire d’une vrille de vigne a été imaginé par Emmanuelle Andréani, se dresse fièrement sur le parc de la Chartreuse, créé en même temps. Depuis, 80 000 visiteurs foulent son sol et immortalisent leur passage devant la sculpture de bouteilles entrelacées et cherchent à obtenir le parfait cliché.
Notre visite débute par une plongée dans la Bourgogne-Franche-Comté bien avant notre ère, puis nous conduit là où les pierres de Bourgogne ont été façonnées. Notre guide du jour, Solène, nous distille plusieurs informations, notamment sur la renommée du vin qui croît au Moyen Âge grâce aux moines cisterciens et bénédictins. « La crise du phylloxéra a conduit à détruire les vignes bourguignonnes. Pour éviter que la maladie ne ravage à nouveau les pieds, nous en avons fait venir des États-Unis, car immunisés de la maladie, les greffons restent ceux de Bourgogne-Franche-Comté. » Nous restons bouche bée : finalement nos coteaux bourguignons sont un peu « made in USA » !
Un système de douches sonores permet d’en apprendre plus sur les climats. Solène nous en dit plus sur ce concept, propre à la Bourgogne. « Les climats, ce sont des parcelles délimitées et nommées. Il s’agit du lien entre l’homme et la parcelle qu’il entretient. » Au début, les climats n’étaient pas associés à la vigne mais bien à l’agriculture. Les noms étaient attribués par le clergé selon les caractéristiques des terrains. On apprend qu’à Marsannay-la-Côte, le climat Les Amoureuses a ainsi été nommé car la terre qui compose la parcelle colle fortement aux chaussures. Une relation collante comme lors d’un début de relation amoureuse !
C’est d’ailleurs la renommée des climats qui a fait évoluer le nom des villages qui les traversent. À l’image de Gevrey qui est devenu Gevrey-Chambertin, ou de Vosne, devenu Vosne-Romanée.
Depuis 2015, la côte viticole de Beaune à Marsannay-la-Côte est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais pas uniquement. Dijon, berceau des Ducs de Bourgogne, est aussi classé, ainsi que l’Abbaye de Cîteaux. Ce classement a permis d’inscrire l’obligation de préservation des parcelles concernées sans les dénaturer. Solène nous emmène au centre de la scénographie, là où le paysage en relief bourguignon-franc-comtois prend vie sous un îlot en papier mâché, construit grâce aux piles de dossiers nécessaires pour faire aboutir le projet. À deux pas, l’attraction phare du lieu : la cave des senteurs. Je ne peux m’empêcher de me pencher sur chacune des « familles » qu’on peut retrouver dans les vins. Avec une surprise : une bouteille est occultée afin de pousser le visiteur à trouver quels arômes elle recèle.
Notre hôte du jour nous invite enfin à contempler le Saint Vincent, saint patron des vignerons. Impossible pour la cité de s’en faire prêter par un des villages de la côte. Il a donc été décidé d’en faire sculpter un sur-mesure, bien sûr en chêne de Bourgogne. Nous jetons un dernier regard sur le centre d’interprétation et quittons le rez-de-chaussée sur un ban bourguignon, avant de gagner les étages supérieurs grâce au chemin qui entoure la cité. Peu à peu, nous prenons de la hauteur. Au-dessus de la scénographie, la vigne pousse ! La parcelle est entretenue par le lycée viticole de Beaune. Au 5e étage, la visite se conclut par un panorama d’exception sur les vignobles environnants. Des tables d’orientation nous permettent de nous repérer. D’ici, on peut même apercevoir le toit des hospices. Il est déjà tard, il nous faut quitter les lieux, non sans une pointe de regret. C’est promis, nous reviendrons les tester !
Cité des Vins et des Climats de Bourgogne
Ouverte tous les jours, de 10h à 18h, du 1er octobre au 31 mai et jusqu’à 19h du 1er juin au 30 septembre.
21 avenue Charles de Gaulle
21200 Beaune
Tél. 03 79 47 21 00 - contact@citeclimatsvins.com
Domaine du Clos Frantin / Maison Albert Bichot
19 rue du Général de Gaulle
21700 Nuits Saint-Georges
Tél. 03 80 24 37 37
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