Discrets les années précédentes, les vignerons jurassiens se déplacent en nombre au salon WineParis : ils veulent séduire le monde, qui semble disposé à lui ouvrir grand les bras.
Une télévision danoise qui filme devant le domaine Grand (Passenans) ; un importateur allemand qui goûte chez Jérôme Arnoux (Arbois) ; ou encore un sommelier canadien les yeux écarquillés après avoir testé la gamme du domaine de Sainte-Marie (Arlay).
Au salon WineParis, qui se tient en ce moment (du 12 au 14 février 2024) porte de Versailles à Paris, les vignerons jurassiens attirent les regards. Il faut dire qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié. Alors qu’ils n’étaient qu’une poignée l’an dernier, ils sont 22 à s’être déplacés cette année pour participer à l’un des plus grands salons professionnels mondial dédié au commerce du vin.
A côté des 180 domaines et maisons de Bourgogne, dont ils partagent la même bannière (voir encadré ci-dessous), ils font bien évidemment figure de petit Poucet. Sans complexe, ils développent leurs arguments : « Notre slogan c’est unique et multiple, avance Olivier Badoureaux, directeur du Comité Interprofessionnel des Vins du Jura (CIVJ). « On a des crémants, des rouges, des blancs. Des produits classiques ou plus marqués, comme le vin jaune ou le macvin : une diversité et une richesse qui plaisent. »
Il y a 20 ans, les vins du Jura étaient quasiment inconnus au-delà des frontières françaises. Aujourd’hui, 30 % de la production est exportée. Un résultat qu’Olivier et les vignerons jurassiens expliquent par les efforts fournis par l’interprofession ces 15 dernières années : « on a multiplié les missions export au Canada, en Scandinavie, aux USA, en Asie pour rencontrer des sommeliers, des restaurateurs, des importateurs, rappelle olivier Badoureaux. Pierre-Armand de Laguiche, propriétaire du domaine du château d’Arlay, a participé à plusieurs voyages : « On en récolte les fruits aujourd’hui. »
Son domaine réalise 35 % de ses ventes à l’étranger. A Wineparis, le jeune vigneron veut aller encore plus loin : « En l’espace de 2 heures, je viens de voir mon importateur anglais et mon importateur allemand. C’est l’avantage de ce type de salon. L’objectif, c’est d’aller chercher d’autres marchés sur lesquels nous ne sommes pas, comme la Suisse par exemple. »
Guillaume Tissot participe pour la première fois au salon parisien. L’export, ce n’était pas son truc, avec moins de 5 % de sa production qui part sur quelques tables japonaises : « Mais ça m’intéresse. J’aimerais atteindre 30 % » espère le vigneron de Nevy-sur-Seille. De son côté, Benoît Badoz (Poligny) travaille l’export depuis quelques années : « Je suis à 20 %. Je travaille principalement avec les Etats-Unis, les pays nordiques, l’Angleterre. J’ai encore de la marge de progression… »
Prisés des consommateurs étrangers, les vins du Jura risquent-ils ainsi de devenir introuvables en France ? Olivier Badoureaux tempère : « les vignerons jurassiens restent attachés à la vente directe. 30 % à 40 % d’export, ça semble être le bon curseur. » Pierre-Armand de Laguiche acquiesce : « Je garderai toujours 50 à 60 % de vente directe. D’abord parce que notre domaine est un monument historique qui se visite l’été avec près de 10 000 visiteurs. Et je n’ai pas envie de lâcher ça. Mais aussi parce qu’on ne peut pas être bio et envoyer les trois-quarts de son vin par avion ou bateau à l’autre bout du monde. »
Wineparis, le grand rendez-vous
Pour cette édition 2024 de WineParis, plus de 200 entreprises régionales sont présentes, dont 173 réunies sous le pavillon collectif géré par la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Région. C’est 30 % de plus par rapport à 2023. La Région Bourgogne-Franche-Comté vient en soutien, apportant près de 180 000 € pour financer la venue de ses vignerons. Un budget important, inscrit dans une enveloppe plus globale de 1,2 million d’euros consacré chaque année pour soutenir les actions internationales de ses entreprises à l’étranger.
Nicolas Soret, vice-président de la Région en charge de l’économie et Christian Morel, vice-président à l’agriculture, ont inauguré l’espace Bourgogne-Franche-Comté lundi 12 février 2024, en présence du ministre de l’agriculture Marc Fesneau : « Le vin, c’est le produit qui tire notre balance commerciale vers le haut et qui la rend excédentaire, souligne Nicolas Soret qui ajoute : cela pèse 1,7 milliard d’euros dans notre région pour 45 000 emplois directs. L’enjeu est de taille. »
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