Une bouffée d’hydrogène pour le Nord Franche-Comté

En pointe depuis une vingtaine d’années dans la recherche sur l’hydrogène, l’aire urbaine Belfort-Montbéliard peut aujourd’hui en tirer un bénéfice concret, au moment où les industriels s’emparent de cette technologie d’avenir. Ainsi, Faurecia qui a inauguré son centre d’expertise mondial dédié aux systèmes de stockage à Bavans, va ouvrir une usine de production de réservoirs à Etupes. À Héricourt, le groupe Gaussin, spécialisé dans la manutention, vient de présenter deux nouveaux véhicules à hydrogène destinés aux plateformes logistiques et portuaires.

« Nous y avons cru avant tout le monde ».  Mardi 6 octobre 2020, lors d’une « journée hydrogène » organisée par les groupes Faurecia et Gaussin à Bavans (25) et Héricourt (70), Marie-Guite Dufay, la présidente de Région, a rappelé à plusieurs reprises que le Nord Franche-Comté faisait figure de pionnier dans le domaine de l’hydrogène. Dès 1998, le premier projet de recherche sur la pile à combustible était porté par l’Université de Franche-Comté. Basé à Belfort (90), le Fuel Cell Lab (FC Lab) est l’un des principaux centres de recherche sur l’hydrogène au niveau européen. Ses travaux sont prolongés par des innovations technologiques, sur cette terre industrielle historiquement tournée vers l’automobile et l’énergie.
En 2020, après avoir été parfois traités de doux rêveurs, les défenseurs de l’hydrogène comme vecteur d’énergie sont enfin pris au sérieux. Les États (la France mais aussi l’Allemagne ou le Royaume-Uni) investissent désormais des milliards d’euros pour développer l’hydrogène vert, produit avec de l’électricité issu d’énergies renouvelables. Les grands groupes industriels voient également dans la motorisation hydrogène – qui ne rejette que de la vapeur d’eau – une technologie d’avenir, notamment pour les gros véhicules (camions et utilitaires). À l’image de PSA ou du coréen Hyundai qui entend déployer plus de 40 000 camions à hydrogène d’ici 2030.

Production en grande série à partir de 2023
Autour de Belfort et Montbéliard, on compte bien tirer profit de cet alignement des planètes. Et convertir le savoir-faire développé sur l’hydrogène en chiffre d’affaires et en emplois. Un grand pas a déjà été effectué ce 6 octobre. Le matin, à Bavans, l’équipementier automobile Faurecia –leader mondial de la mobilité propre– inaugurait son centre d’expertise mondial dédié aux systèmes de stockage à hydrogène. Financé avec l’aide de la Région (4,5 M€), ce  « core center » abrite un atelier industriel pilote pour la fabrication de réservoirs et un centre d’essais où travaillent une cinquantaine de salariés.
À cette occasion, Patrick Koller a annoncé l’implantation, d’ici 2023, d’une usine de production en grande série de ces réservoirs, sur le parc Technoland, à Etupes (25). « Nous allons investir 50 M€ dans ce site qui fabriquera des systèmes de stockage destinés, dans un premier temps, aux camions et utilitaires » a précisé le directeur général de Faurecia.  Selon lui, 5 millions de véhicules dans le monde devraient rouler à l’hydrogène à l’horizon 2030.
Synonyme d’attractivité et de créations d’emplois, cette bonne nouvelle est complétée par l’ouverture d’un Institut national du stockage hydrogène en 2022 dans le Grand Belfort. Il s’agira du seul centre de certification français.  La Région se mobilise pour que ces projets bénéficient du fonds de réindustrialisation (50 millions d’euros) abondé par General Electric pour n’avoir pas tenu ses engagements en matière d’emploi. « Nous avons une longueur d’avance et des compétences sur le territoire : nous avons bien l’intention d’en profiter. » conclut Marie-Guite Dufay qui présentera vendredi 9 octobre de nouvelles mesures en faveur de l’hydrogène dans le cadre du plan d’accélération de l’investissement régional.

Une première mondiale à Héricourt

Ce 6 octobre, le groupe Gaussin, spécialiste des systèmes de manutention sur roues, avait mis les petits plats dans les grands pour présenter, lors d’une après-midi portes ouvertes, ses deux nouveaux véhicules en « première mondiale ». Destinés respectivement au transport de marchandises en centre logistique et dans les terminaux portuaires, l’ATM-H2 (38 t) et l’APM-H2 (75 t) fonctionnent à l’hydrogène. Ils sont équipés de réservoirs fabriqués par Faurecia à une quinzaine de kilomètres du siège de Gaussin à Héricourt (70).
Ces modèles seront commercialisés début 2021. « Ces véhicules se rechargent en quelques minutes pour une autonomie de plusieurs heures, ce qui donne à l’hydrogène un net avantage sur les autres solutions technologiques » explique Christophe Gaussin, directeur général du groupe qui compte Amazon, Ikea, UPS ou le port de Singapour parmi ses clients.

Fonctionnant à l’hydrogène, les deux nouveaux véhicules présentés par Gaussin sont destinés au transport de marchandises  en centre logistique et dans les terminaux portuaires - Crédit photo Région Bourgogne-Franche-Comté David Cesbron

Fonctionnant à l’hydrogène, les deux nouveaux véhicules présentés par Gaussin sont destinés au transport de marchandises en centre logistique et dans les terminaux portuaires - Crédit photo Région Bourgogne-Franche-Comté David Cesbron

 

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Article du 07/10/2020 16:24, modifié le 07/10/2020 17:30

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