Wine Paris : géopolitique et défis climatiques au menu

Comme chaque année, la Région Bourgogne-Franche-Comté est présente au salon Wine Paris (du 10 au 12 février 2025) en proposant à ses vignerons de Bourgogne et du Jura de se regrouper sous la même bannière. L’occasion de faire un point sur l’actualité du vignoble, tiraillé entre les défis climatiques et géopolitiques qui l’attendent.

Le pavillon Bourgogne-Jura fait peau neuve cette année, mettant à l’honneur l’image des climats de Bourgogne, qui fêtent cette année leurs 10 ans d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Photo : Xavier Ducordeaux.
Le pavillon Bourgogne-Jura fait peau neuve cette année, mettant à l’honneur l’image des climats de Bourgogne, qui fêtent cette année leurs 10 ans d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Photo : Xavier Ducordeaux.

Il est devenu la référence mondiale dédié au commerce du vin. Le salon Wine Paris se tient actuellement porte de Versailles, à Paris. C’est ici que les vignerons et les négociants rencontrent leurs clients, notamment les importateurs étrangers qui viennent passer leurs commandes annuelles. Le rendez-vous est capital, et la Région Bourgogne-Franche-Comté l’a bien compris, en proposant à ses vignerons de se regrouper sous un seul et même pavillon. Ils sont 210 à avoir rejoint l’aventure cette année. Un record.

Des ventes en hausse, mais …
Avec un chiffre d'affaires de 2,3 milliards d'euros en 2023 dont 50 % à l'export, la filière bourguignonne se porte plutôt bien. Ses ventes affichaient, mi-2024, des hausses de 2,9 % en volume et de 2,6 % en valeur en grande distribution, alors que l'ensemble des vins sous AOP français était en recul de 5,3 % en volume. « C’est bien, mais la situation reste fragile » prévient Laurent Delaunay, président du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB).

Après deux années en demi-teinte, la Bourgogne voit ses volumes exportés repartir à la hausse depuis début 2024. Photo : Xavier Ducordeaux.
Après deux années en demi-teinte, la Bourgogne voit ses volumes exportés repartir à la hausse depuis début 2024. Photo : Xavier Ducordeaux.

Les vignerons attendent notamment de savoir à quelle sauce américaine ils seront mangés. Le Président Trump a de nouveau brandi la menace de nouveaux droits de douane pour les Etats-Unis, de loin le premier marché à l'export pour les vins de Bourgogne. Entre 2019 et 2021, lors de la première « taxe Trump » de 25 % sur les vins français en représailles au conflit Boeing-Airbus, les producteurs bourguignons avaient vu leur chiffre d'affaires réduit de 20 à 30 % outre-Atlantique. Damien Leclerc, directeur de La Chablisienne, peine à y croire : « La bourse de New-York a déjà sanctionné les annonces fracassantes du président américain ; son pays est puissant, mais pas tout puissant. Regardez la chute des ventes Tesla en Europe … »

Damien Leclerc, directeur de La Chablisienne, expédie plus de 60 % de la production des vins de la coopérative icaunaise à l’étranger. Photo : Xavier Ducordeaux.
Damien Leclerc, directeur de La Chablisienne, expédie plus de 60 % de la production des vins de la coopérative icaunaise à l’étranger. Photo : Xavier Ducordeaux.

Malgré tout, les vignerons se préparent à absorber la nouvelle taxe. Heureusement, d’autres marchés s’ouvrent. Notamment dans les pays du nord de l’Europe, la Suède en tête. Les Suédois se sont pris d’amour pour le couple Chablis / Petit Chablis et les AOC Régionales Bourgogne en blanc. La Suède a ainsi importé presque 3,6 millions de bouteilles sur les 7 premiers mois de 2024 (+ 9,3 % / 7 mois 2023) pour un chiffre d’affaires de 25,4 millions d’euros (+ 7,1 % / 7 mois 2023). Joli parcours pour la Suède qui, il y a 20 ans, ne faisait même pas partie des 10 principaux marchés export de la Bourgogne. Elle est aujourd’hui au 5ème rang des pays importateurs de vins de Bourgogne.

Le marché asiatique peine à décoller. Les ventes en valeur ont baissé dans pratiquement tous les pays, hormis en Corée (+11 %). Photo : Xavier Ducordeaux.
Le marché asiatique peine à décoller. Les ventes en valeur ont baissé dans pratiquement tous les pays, hormis en Corée (+11 %). Photo : Xavier Ducordeaux.

Autre sujet d’inquiétude : les défis climatiques auxquels sont confrontés les vignerons. Après deux récoltes abondantes en 2022 et 2023 (respectivement 1,7 et 1,9 million d'hectolitres), l’année 2024 a été moins prolifique : 1,2 million d'hectolitres. « Nous sommes maintenant habitués à jongler entre les bonnes et les mauvaises années. A composer avec la géopolitique mondiale » avance Catherine Parent, du domaine Parent à Pommard. « Nous ne sommes pas dans la même situation que certains autres vignobles, mais je sens qu’il va falloir recommencer à se battre. Depuis le COVID, on n’avait pris l’habitude de ne plus nous déplacer. Les acheteurs venaient à nous. La tendance s’inverse, il va nous falloir retourner sur le champ de la bataille commerciale. »

Catherine Parent, aux côtés des vice-présidents régionaux Willy Bourgeois et Nicolas Soret. Photo : Xavier Ducordeaux.
Catherine Parent, aux côtés des vice-présidents régionaux Willy Bourgeois et Nicolas Soret. Photo : Xavier Ducordeaux.

Les vignerons peuvent compter sur la Région Bourgogne-Franche-Comté, toujours au service de sa filière :

La Région a toujours été au côté de son vignoble, mais plus encore cette année où les soubresauts internationaux pourraient menacer nos conditions d’export et notre compétitivité. On bat un record cette année sur Wine Paris avec plus de 210 exposants présents : cela montre la vitalité de nos terroirs, de nos vignerons. Malgré le contexte, nos vins continuent d’avoir beaucoup d’engouement. On va continuer de soutenir cette filière si importante sur le plan économique, touristique, et qui est l’une des images fortes de notre territoire.

Nicolas Soret, vice-président de la Région en charge du développement économique

Côté Jura, les enjeux sont différents. La vingtaine de vignerons présents à Wine Paris a moins l’esprit tourné vers l’extérieur que ses voisins bourguignons. L’export représente tout de même 30 % des ventes, quand il ne comptait quasiment rien il y a encore 20 ans. Les défis sont plutôt d’ordre climatique. Plus encore que la Bourgogne, le Jura a été particulièrement touché par les épisodes de grêle au printemps 2024. La plupart des domaines ont perdu entre 60 % et 70 % de leur récolte. D'autres épisodes de gel printanier avaient déjà été enregistrés en 2017, 2019, et 2021. A chaque fois, plus de la moitié des capacités de production s’étaient envolée.

Présent pour inaugurer le pavillon Bourgogne-Jura, Nicolas Soret – vice-président de la Région en charge du développement économique – a reçu la visite de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard sur le pavillon dédié au Jura. Photo : Xavier Ducordeaux.
Présent pour inaugurer le pavillon Bourgogne-Jura, Nicolas Soret – vice-président de la Région en charge du développement économique – a reçu la visite de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard sur le pavillon dédié au Jura. Photo : Xavier Ducordeaux.

 

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