Lancée fin mars, la plateforme desbraspourtonassiette.wizi.farm remplit son rôle : près de 280 000 personnes « confinées » se sont portées volontaire pour travailler dans l’agriculture, le temps du confinement. Reportage en Saône-et-Loire.
« Rejoignez la grande armée de l’agriculture française ! » : c’est en ces termes guerriers que Didier Guillaume, ministre de l’agriculture, avait appelé les Français confinés à venir donner un coup de main aux agriculteurs. C’était le 24 mars dernier. Le ministre promettait que les indemnités de chômage partiel pouvaient se cumuler avec la rémunération de ce travail agricole. Un mois plus tard, 280 000 français se sont inscrits sur la plateforme https://desbraspourtonassiette.wizi.farm. En Bourgogne-Franche-Comté, vous êtes plus de 10 000 à vous être portés candidats. Une cinquantaine de postes sont actuellement à pourvoir. Notamment en Côte d’Or et en Saône-et-Loire, alors que les vignes bourgeonnent et que le travail de la terre a commencé.
Les travaux à la vigne ont 15 jours d’avance
A Côté de Mâcon, dans le petit village vigneron de Chânes, le domaine des Perelles produit sur 11 hectares des crus de Bourgogne et du Beaujolais : « Mon ouvrier agricole a démissionné fin mars. Et la vigne a 15 jours d’avance. On a besoin de moucher* » indique Jean-Yves Larochette, propriétaire du domaine. Le vigneron s’inscrit sur la plateforme. Il trouve rapidement deux personnes à proximité du domaine : « Le problème, c’est que les gens qui sont confinés ne savent pas quand ils vont reprendre leur activité, et c’est compliqué pour eux de s’engager sur plusieurs semaines ».
Mais lors du week-end de Pâques, un CV attire son attention. Celui de Laurent Dubois. Commercial indépendant à Avignon, son activité est à l’arrêt depuis mi-mars : « J’ai alors décidé de venir me confiner chez mes parents, dans le mâconnais pour pouvoir m’occuper d’eux. »
Mais au bout de trois semaines, il commence à tourner en rond : « J’avais entendu parler de la plateforme via les réseaux sociaux. Je me suis inscrit. J’ai répondu à 5 ou 6 annonces. » Et c’est pour le domaine des Perelles qu’il s’engage : « J’ai rencontré Laurent le lundi de Pâques, le courant est passé. Le lendemain, il commençait le travail dans nos vignes » se félicite Jean-Yves Larochette. Les démarches administratives sont ultra simplifiées, grâce au Tesa (Titre emploi simplifié agricole), un produit de la MSA qui permet aux exploitants agricoles d'accomplir les différentes formalités liées à l'embauche de salariés recrutés en contrat à durée déterminée (CDD).
Parti pour durer ?
« Je suis commercial dans le milieu du vin. J’avais envie de découvrir l’envers du décor. J’arrose les greffes, je dois enlever les gourmands. C’est très physique, car les vignes sont en coteaux. Mais on a une météo extra. » Laurent semble prendre beaucoup de plaisir dans ses nouvelles fonctions, même s’il sait qu’elles ne sont que temporaires. A priori : « Je suis au domaine jusqu’à fin juin. Mais j’avoue que j’apprécie le fait d’être en pleine nature. Je suis vers mes parents, je suis heureux. Je me vois bien rester dans le coin, même après le confinement ». La naissance d’une vocation ?
* Le « mouchage » consiste à couper l'extrémité des bourgeons afin que les futurs raisins soient mieux exposés au soleil et au vent.
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