À Besançon, de futurs ingénieurs aident Julien Casoli, champion d’athlétisme en fauteuil, à se préparer en vue des Jeux paralympiques. Zoom sur un projet unique en France, fruit d’un partenariat exemplaire entre l’ENSMM et le Comité régional handisport de Bourgogne-Franche-Comté.
Il est l’un des meilleurs athlètes français handisports. Originaire de Navenne, en Haute-Saône, Julien Casoli a perdu l’usage de ses jambes quand il avait 14 ans. Aujourd’hui âgé de 37 ans, il a à son actif deux médailles de bronze paralympiques (2008 et 2012). Début novembre, il participera aux championnats du Monde de Dubaï, où il s’alignera, en individuel, sur 400, 800 et 5 000 mètres.
Des gants modélisés et imprimés en 3D
Le membre du Groupe Athlétique Haut-Saônois pratique l’athlétisme en fauteuil. Dans cette discipline, à mi-chemin entre l’athlétisme et le cyclisme, les sportifs recourent à la mécanique, l’ergonomie ou encore l’électronique pour évaluer et améliorer leurs performances. Aussi, en 2017, avec l’appui du Comité régional handisport Bourgogne-Franche-Comté, le champion s’est tourné vers l’École nationale supérieure de mécanique et des microtechniques (ENSMM) à Besançon.
Premier sujet de travail pour les élèves ingénieurs et leurs enseignants : la modélisation en 3D de la paire de gants sur-mesure utilisée par Julien Casoli pour « boxer » (c’est le terme consacré) les mains courantes du fauteuil : « Auparavant, je les fabriquais moi-même et il était très long et difficile de les reproduire à l’identique. Je sais que mes concurrents américains utilisaient déjà des imprimantes 3D. » La modélisation effectuée, il reste maintenant à élaborer le matériau, compatible avec l’impression, qui assurera une propulsion optimale du fauteuil de course.
Mais le partenariat avec l’ENSMM ne s’est pas arrêté là. « Ensuite, on a commencé à travailler sur un outil pour capter la puissance développée sur le fauteuil, comme le font les cyclistes qui mesurent leurs watts. Jusqu’à présent, cela n’existait pas dans notre sport, même si des recherches sont menées de façon un peu secrète en Grande-Bretagne et en Allemagne » explique Julien Casoli.
Le capteur de puissance, un atout pour Paris 2024
Depuis février, les étudiants – dont un étudiant indien, dans le cadre d’un autre partenariat de l’ENSMM – ont mis au point des capteurs de déformation. Soudés sur les mains courantes, ils doivent transmettre des informations (force, vitesse, distance) qui pourront s’afficher sur l’écran d’un smartphone. Le prototype est quasiment finalisé. Il va bientôt être testé en conditions réelles par le champion bourguignon-franc-comtois. Celui-ci espère pouvoir bénéficier de cette innovation technologique dans la préparation des Jeux paralympiques 2020 à Tokyo.
L’outil permettra d’analyser et de décortiquer une série de données (évaluation du potentiel physique, suivi de la progression, gestion de course, stratégie d’effort…). Il aura bien sûr vocation à être utilisé par l’ensemble des sportifs français en fauteuil : un sacré atout dans la perspective de Paris 2024 !
Ce projet innovant a été lauréat de l’appel à projet « Héritage et société » du Centre national pour le développement du sport (CNDS).
« La science au service de l’humain »
Le projet « Handisport, recherche et innovation sociale » a été présenté, vendredi 27 septembre, à Besançon, en présence de trois vice-présidentes de la Région Bourgogne-Franche-Comté : Laëtitia Martinez, Maude Clavequin et Valérie Depierre, en charge respectivement des sports, de l’enseignement supérieur et du handicap.
L’occasion de rappeler que le Conseil régional a adopté en juin 2019 une feuille de route handicap et accompagne le Comité régional handisport via plusieurs dispositifs : aide au fonctionnement, aide à l’emploi associatif, financement d’une centrale d’achat de matériel, aide à l’acquisition d’un minibus, cofinancement de manifestations sportives…
« Projet innovant, exceptionnel et unique en France », pour Valérie Depierre, le partenariat entre l’ENSMM et le monde du handisport est un bel exemple de « la science mise au service de l’humain » aux yeux de Maude Clavequin : « une vraie pépite pour notre territoire » a conclu Laëtitia Martinez.
Un dernier bravo pour nos champions
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