La quatrième édition du forum Hydrogen Business For Climate se tient à Montbéliard du 1er au 2 octobre 2024. L’occasion pour Marie-Guite Dufay, présidente de la Région, de réaffirmer son soutien à une filière qui attend des signaux forts de la part de l’Etat, promis depuis plusieurs mois.
Après avoir connu une ascension fulgurante, boostée par des investissements massifs et une stratégie nationale dotée de 9 milliards d’euros à injecter d’ici 2030, la filière industrielle hydrogène se trouve à un moment charnière. Les moyens de production sont prêts, ou en passe de l’être. Mais en face, les usages et la demande ne sont pas au rendez-vous. Notamment dans le secteur des mobilités lourdes ; en cause : des coûts qui ne baissent pas. Un tracteur routier doté d’une pile à combustible s’achète encore aujourd’hui entre de 350 000 et 600 000 dollars, alors qu’un véhicule diesel se monnaie en dessous des 150 000 dollars.
La Présidente de Région interpelle Emmanuel Macron
« Il faut que la puissance publique apporte les financements qui permettent de massifier les productions pour faire baisser les prix » alerte Marie-Guite Dufay. La Présidente de la Région Bourgogne Franche-Comté était invitée à ouvrir le forum Hydrogen Business For Climate, mardi 1er octobre, à Montbéliard. Sans attendre le discours de politique générale du nouveau Premier ministre, elle renvoie l’Etat face à ses responsabilités : « La stratégie de récupération de notre souveraineté industrielle ne doit pas faire l’objet du rabot budgétaire. »
Invitée à inaugurer le forum Hydrogen Business for climate, Marie-Guite Dufay a rappelé l’importance du soutien de la puissance publique pour le secteur de l’hydrogène - Photo Xavier Ducordeaux
En quête d'économies pour réduire sa dette de 3 228,4 milliards d'euros, l'État doit tout de même soumettre sa mise à jour de la feuille de route sur l'hydrogène. Une copie qui se fait attendre depuis plusieurs mois maintenant par les acteurs, qui demandent à l’Etat des mécanismes de soutien à la production et à la demande : « Le manque de réponse de l’Etat sur ce sujet est un facteur d’illisibilité et d’invisibilité qui n’est pas bon pour les marchés » note Marie-Guite Dufay. La Présidente de Région a d’ailleurs interpellé par courrier le Président de la République Emmanuel Macron, dès le mois de juin dernier. Le Chef de l’Etat lui a répondu, par l’intermédiaire de son directeur de cabinet, lui assurant de son plein soutien à la filière : « Le plan France 2030 prévoit un renforcement de 1,9 milliard d’euros pour le développement et la structuration de la filière hydrogène, clé de voûte de la décarbonation. »
Sur l’urgence d’agir, il reste plutôt vague : « Un cadre de régulation des infrastructures est en cours d’élaboration afin d’en favoriser le développement des usages. »
La société Inocel devrait inaugurer sa gigafactory début 2025 - Photo Xavier Ducordeaux
C’est dans ce contexte que s’est donc ouvert la quatrième édition du forum hydrogène de Montbéliard. S'appuyant sur leur capacité d'innovation et leur détermination, les entreprises de Bourgogne-Franche-Comté restent convaincues du potentiel industriel de l’hydrogène. Pour preuve : McPhy a inauguré au mois de juin, dans le territoire de Belfort, la plus grande usine produisant des électrolyseurs de France. Les gigafactory d'Inocel et de Gen-Hy sont sur le point d’être inaugurées. Les trois entreprises sont présentes à Montbéliard, pour exposer lors du Forum leurs avancées. Aux côtés des géants, de plus petites structures, des startups, comme Mincatec Energy, qui présente son dernier réservoir de stockage d’hydrogène basse pression en hydrures métalliques. Une technologie qui a l’avantage de ne pas avoir recours à des matériaux rares, un atout en termes de souveraineté.
Mincatec Energy présente son dernier réservoir de stockage d’hydrogène - Photo Xavier Ducordeaux
On peut également admirer le dernier moteur hydrogène du groupe Oreca, installé sur le technopôle de Magny-Cours (58), qui espère équiper une écurie de voiture de course d’ici 2025. Ou encore les dirigeants de l’entreprise bisontine Clhynn, qui expose la première pile à combustible disposant de sa propre source d’hydrogène.
La société Oreca présente son dernier moteur hydrogène prévu pour alimenter les voitures de courses automobiles - Photo Xavier Ducordeaux
Vous l’aurez compris : ça continue de bouillonner dans les entreprises de Bourgogne-Franche-Comté ; Les collectivités locales sont à leurs côtés. Des écosystèmes se créent un peu partout : à Auxerre (89), qui dispose depuis trois ans d’une station de distribution d’hydrogène ultra puissante. A Dijon (21), qui inaugurait en juin dernier sa station alimentant ses bus et ses bennes à ordures ménagères ; et bien sûr à Belfort, qui dispose également de sa station pour faire rouler les bus de son réseau urbain Optymo. Quant à la Région, elle attend sa commande de trains hydrogène, qui devraient être livrés en 2025.
Sur le stand de la Région Bourgogne-Franche-Comté, on met en lumière la chaîne de valeur hydrogène du territoire, qui va de la production aux usages - Photo Xavier Ducordeaux
Un corridor Rhin-Rhône à décarboner
Sur l’A36, du côté de Montbéliard, on comptabilise 12 500 camions chaque jour. 99 % d’entre eux fonctionnent au diesel. Le pôle véhicule du futur, organisateur le forum hydrogène, veut travailler un projet visant à décarboner le transport routier sur cet axe. Son programme, qu’il appelle « Corridor Rhin-Rhône » prévoit dans un premier temps le report des flux vers le ferroviaire et le fluvial d’environ 1 000 camions. Seconde étape : le verdissement de la flotte de 1 000 autres camions. Notamment en les convertissant à l’hydrogène. « Si on arrive au bout du projet, on remplit l’objectif de la COP Bourgogne-Franche-Comté, lancée en décembre 2023, soit la réduction de 15,9 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur transport d’ici 2030 » promet Thierry Tournier, Président du pôle véhicule du futur.
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