Boira-t-on encore des chardonnays et des pinots noirs de Bourgogne dans 20 ans ? sensible au dérèglement climatique, le vignoble bourguignon va devoir se renouveler. En Haute-Saône, les pépinières Guillaume travaillent sur le sujet depuis de nombreuses années.
Le monde du vin est inquiet. Partout où le raisin pousse, on constate le même phénomène : le développement de la vigne est de plus en plus précoce, la rendant plus vulnérable aux gelées tardives. On vendange désormais en août des vins plus chargés en alcool, moins acides et donc moins frais. Les vignobles du sud sont particulièrement impactés. Mais la Bourgogne n’échappe pas à ce dérèglement climatique qui affecte les cépages les plus fragiles, dont le
pinot noir fait partie. Or, c’est le seul cépage autorisé dans la production des grands vins rouges bourguignons en appellation d’origine contrôlée. Faut-il alors s’inquiéter et craindre la mort de la vigne en Bourgogne à plus ou moins long terme ? « C’est impensable ! » rassure François Guillaume, directeur de la stratégie des pépinières Guillaume, installées à Charcenne, en Haute-Saône ; l’entreprise est l’un des leaders français dans la production de plants de vignes. Pour François Guillaume, le changement climatique n’est pas une fatalité : « la vigne s’est toujours adaptée et s’adaptera encore » promet le pépiniériste. L’homme va toutefois devoir l’aider. Notamment en renouvelant les cépages, pour aller vers des variétés plus résistantes à la sécheresse ou à des températures élevées.
Renforcer le couple cépage/porte-greffe
Certains Bourguignons sont déjà en phases de tests. Des plantations d’artaban et de vidoc (vins rouges) et de Florial et de Voltice (vins blancs) donnent des résultats encourageants. Assemblés avec du pinot noir ou du chardonnay, ils ne dénatureraient pas les vins. En parallèle, les pépinières Guillaume travaillent au renforcement du couple cépage/portegreffe : « On a énormément implanté le porte-greffe 161-49 en Bourgogne ces 60 dernières années. Associé à des greffons de pinot noir, il donnait les meilleurs vins de Bourgogne. Tout le monde voulait ça. Mais aujourd’hui, on s’aperçoit qu’il a une tare génétique et qu’il est sensible à la thyllose, une maladie de la vigne très active lorsqu’il y a des sécheresses. À court terme, il faudra arracher les vignes partout où il est implanté. »
Le porte-greffe Paulsen, utilisé dans le bassin méditerranéen, pourrait le remplacer : « Mais il faudra attendre 20 ans et la maturité des vignes pour savoir si on a fait le bon choix… » Un meilleur travail des sols, un recours maîtrisé à l’irrigation, mais aussi des choix de rendement moins élevés seront également à opérer : « Mais je le répète : on boira encore des pinots noirs et des chardonnays bourguignons dans 40 ans » conclut François Guillaume. Ouf !
Dans le Jura, « ça va gnin » !
Dans le Jura, l’année 2021 a été catastrophique : le gel et le mildiou ont fait des ravages, et certains domaines ont quasiment perdu une année de travail. Mais si l’on exclut cette année particuliere, le vignoble se porte plutôt bien. Le changement climatique, selon François Guillaume, pourrait même lui être bénéfique : « Aujourd’hui, on a des savagnins extraordinaires, qui gardent une très bonne acidité, explique le pépiniériste. C’est évidemment dû au travail des vignerons qui maîtrisent de mieux en mieux ce cépage atypique ; mais aussi grâce au réchauffement climatique : on n’a plus ce phénomène de pourrissement que l’on pouvait observer il y a quelques années. » Les vignerons bourguignons sont d’ailleurs de plus en plus nombreux a lorgner sur les parcelles voisines du Jura. Et ce n’est pas qu’une question de prix : « Ils n’auront jamais de soucis d’eau dans le Jura, contrairement à la Bourgogne, confirme François Guillaume. S’il y a un vignoble français dans lequel investir aujourd’hui, c’est bien le Jura. »
Trois jours après, une assemblée dédiée à Nathalie Leblanc
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