Eveline Soulier a obtenu le 25 janvier 2022 le Prix littéraire Louis Pergaud pour son livre « Les cahiers de ma mère », édité aux éditions C-cédille-Auteurs.
« Je suis très honorée et heureuse. Ce prix est une première reconnaissance. Il récompense le cheminement d’une écrivaine peu connue » concède Eveline Soulier, sincère et modeste, à l’évocation du Prix Pergaud décroché le 25 janvier dernier. La sexagénaire jurassienne savoure le bonheur de partager cette distinction avec ses amis, sa famille et « les gens qui la lisent et reconnaissent leur propre histoire. »
« L’art est essentiel à notre vie »
Chaussures de randonnée aux pieds, prête pour une longue excursion jusqu’au refuge du Pré d'Haut, aux alentours de Foncine-le-Haut (Jura) où elle réside, l’écrivaine a pris le temps d’évoquer avec passion cet événement marquant, son parcours, ses coups de cœurs, ses projets.
« L’écriture m’accompagne depuis toujours mais je ne suis éditée que depuis 2009 » explique-t-elle. Artiste éclectique, passionnée de cinéma, de musique, de photo, de théâtre, elle a décroché un certificat de musicothérapeute à la fin de sa carrière d’enseignante, qui lui a permis d’intervenir en Ephad, à Salins, Mouthe et Champagnole. « L’art en général est essentiel à notre vie. Il est ce qui nous distingue. Il réveille notre aptitude à réagir. Il énonce, dénonce sans jamais renoncer. Il offre cette possibilité de rentrer en connexion avec les gens, explique-t-elle en justifiant quelque part son intention à l’heure de se lancer dans la rédaction des "cahiers de ma mère". « J’ai entrepris ce manuscrit il y a une vingtaine d’années... C'était un moyen de communiquer avec ma mère, orpheline à l’âge de 10 ans, qui parlait très peu de son enfance difficile, sous l’occupation. Elle était très bonne élève et elle aimait les mots. Elle nous a sans doute légué cette passion sans le vouloir… A ce moment-là, elle lisait encore, elle était encore à même de comprendre, de me faire part de ses objections. »
« Écrire sur ceux qu’on aime, c’est une façon de les faire perdurer »
Pourquoi éditer seulement maintenant, deux décennies après ? « J’ai essayé à l’époque de me présenter à des maisons d’édition, sans succès. Alors j’ai laissé tomber et suis passée à autre chose. Mais le fait que maman vieillisse, que sa vie ne tienne qu’à un fil m’a remise sur ce projet. C’est une manière de célébrer l’amour filial, de lutter contre l’oubli et la mort. Écrire sur ceux que l’on aime, c’est une façon de les faire exister encore, de ne pas les oublier. Maman est toujours en vie, mais elle est très affaiblie par la maladie d’Alzheimer. »
Ne comparez pas l’écriture à une thérapie, Eveline Soulier utilise ce mot avec prudence tant il est galvaudé. « Je parlerais plutôt d’un espace permettant de se ressourcer, de reprendre des forces. L’écriture ne guérit pas, elle accompagne, elle répare un peu, elle aide ».
Sa soif d’écriture nait de son amour des mots, son amour de la musique « parce que la littérature est aussi une musique, avec son rythme, sa mélodie, son harmonie ». La motivation, elle la trouve dans la volonté de libérer la parole. Pas seulement la sienne, mais aussi celle des autres. Quant à ses sources d’inspiration, elle les puise dans sa propre expérience, dans sa relation avec ses parents, mais également dans ses propres lectures : Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Romain Gary, Patrick Modiano, Charles Juliet… « Beaucoup d’écrivains ont parlé de leur enfance, de leurs parents. C’est un sujet inépuisable, traité par Eric Emmanuel Schmitt dans "Journal d’un amour perdu" ou bien sûr dans "Le livre de ma mère" d’Albert Cohen, qui est un chef d’œuvre ! »
Le jour de la remise du Prix, la récipiendaire a tenu à citer quelques vers de Louis Pergaud, parce que tout le monde connait "La guerre des boutons" mais moins ses poèmes. « C’est quelqu’un qui est proche de nous, géographiquement parlant*, mais aussi de par son regard, sa façon d’aborder la vie ». Elle ne tardera pas maintenant à se lancer dans d’autres projets, d’autres passions, d’autres genres littéraires, comme la poésie et la fiction. « J’essaie de travailler sur un roman. Ça sera une première ! »
*Louis Pergaud (1882-1915), auteur notamment de De Goupil à Margot et de La Guerre des boutons, est né à Belmont (Doubs), a effectué ses études à Besançon et enseigné à Durnes et Landresse au début de sa carrière d’instituteur. Il est mort pour la France en 1915 à Fresnes en Woëvre (Meuse).
CV express
- Trois enfants, retraitée de l’Education Nationale
- Maîtrise de lettres modernes
- Certificat de technique vocale
- Certificat de musicothérapeute
- Direction de chœur en France et en Suisse
- Enseignement d’expression vocale
Ouvrages
- La voix, un chemin pour rompre l'isolement et changer notre rapport au monde, Éditions Non Verbal/A.M.Bx, 2019
- Pour un air d’accordéon, Édition Cabédita, 2018
- La ligne bleue, nouvelles Éditions C-cédille-Auteurs, 2019
- Un chemin de terre et de ciel, poésies, Éditions La Nouvelle Pléiade, 2019
- Les cahiers de ma mère, Éditions C-cédille-Auteurs, Prix Louis Pergaud 2021
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