Une renaissance industrielle jurassienne

4 septembre 2020 : coup de tonnerre dans le bassin dolois. Malgré de récents investissements, le groupe américain Kohler, propriétaire de Jacob-Delafon, annonce la mise en vente du site historique de production de sanitaires, implanté à Damparis depuis 1899. Les 151 salariés sont sous le choc. Y-aura-t-il un repreneur ? Les emplois et les savoir-faire, uniques en France, pourront-ils être conservés ?

Un long combat commence alors pour le personnel, avec l’appui des acteurs publics, locaux et nationaux. En décembre 2020, Manuel Rodriguez, président du groupe Kramer, une société familiale de la Meuse spécialisée dans la robinetterie, visite les 75 000 m² du site de Belvoye. « Je me suis pris une claque, raconte le chef d’entreprise. Ce n’était pas possible de fermer cette usine ».  

Des négociations difficiles s’engagent ensuite entre la PME et la multinationale Kohler. Soutenu par l’intersyndicale, Kramer finit par reprendre l’usine de Damparis en juin 2021. Les collectivités locales et l’État sont à ses côtés. La société d’économie mixte Aktya a racheté les bâtiments industriels pour 1,35 million d’euros, dont 600 000 € apportés par la Région Bourgogne-Franche-Comté. Une aide  régionale de 850 000 € a également été accordée afin de financer le matériel de production.
 

Déjà 54 salariés au travail

9 décembre 2021 : inauguration officielle de La Jurassienne de Céramique Française, le nom que Manuel Rodriguez a donné à sa nouvelle filiale. Derrière les masques, on devine la joie et la fierté des ex « Jacob-Delafon » qui depuis quelques semaines ont repris possession de leur outil de travail. Cinquante-quatre salariés ont déjà été ré-embauchés, le groupe Kramer s’étant engagé à ce que l’effectif initial soit retrouvé au plus tard en 2026.

D’ici février 2022, les premières vasques estampillées La Jurassienne seront produites pour Saint-Gobain qui souhaite relocaliser ses approvisionnements de sanitaires haut de gamme. « Nous nous inscrivons dans la continuité de l’histoire du site, insiste Manuel Rodriguez, chantre du made in France. Notre projet est de continuer à produire en France, dans un site qui maîtrise de tout de A à Z : la conception, la fabrication et le conditionnement des pièces. Nous allons faire du volume pour faire de Damparis un site industriel fort à même de lutter contre la concurrence étrangère ». L’usine de Belvoye avait un riche passé ; elle a désormais aussi un avenir.