Quel avenir pour le tourisme de moyenne montagne à l'heure de la crise climatique ? Pendant deux jours, les Etats généraux de la transition du tourisme de montagne ont permis d’imaginer de nouveaux modèles.
Jamais les acteurs du tourisme de montagne ne s’étaient montrés aussi coopératifs. Concurrents, ils se parlent peu d’ordinaire. La crise sanitaire, et encore plus, la crise climatique qu’ils n’arrêtent plus de subir depuis quelques années, les oblige pourtant à réinventer leurs modèles économiques. Et c’est ensemble qu’ils ont choisi d’y réfléchir. Lancés en mars derniers à Métabief, les Etats généraux de la transition du tourisme de montagne – organisés dans le cadre de la Présidence française de la Stratégie de l’union européenne pour les régions alpines - se sont déroulés les 23 et 24 septembre 2021, dans un peu plus de 40 territoires de montagne français. Pour le Massif du Jura, c’est à Prémanon, à l’Espace des mondes polaires, que 80 acteurs du tourisme jurassien avaient décidé de se réunir pour réfléchir à l’avenir de leur massif.
« Il était plus que temps d’organiser ce genre de manifestation, constate Nolween Marchand, maire de Prémanon et président de la communauté de communes de la station des Rousses ; Ici, on est aux premières loges pour constater l’impact du changement climatique. Il faut agir fort et vite en moyenne montagne. » Tous, dans la salle, acquiescent. Certains ont refusé de voir la vérité en face. Mais tous le savent désormais : demain, le ski ne sera plus le « tire-fesse » des stations du Jura. Il faudra trouver d’autres activités, et réfléchir à un tourisme « 4 saisons ». C’était l’objet de la « conférence dessinée » du jeudi après-midi. Animée par Olivier Erard (directeur du syndicat mixte du Mont-d’Or) et Claire Simon (facilitatrice graphique Val&Monti), cette conférence invitait les participants à faire le point sur la manière dont chacun s’empare de la transition climatique sur son territoire. Olivier Erard nous explique l’objectif :
La conférence terminée, le constat est limpide. Le groupe de travail « Pays Horloger » est le premier à dégainer : « On a analysé notre "système station" selon 10 critères : géographie, niveau d'équipement, niveau d'endettement, compétences internes, structure de la clientèle, lits touristiques, environnement naturel, ressources en eau, poids sur le territoire, comportements sociétaux ; on est dans le rouge dans la majorité des critères. La transition est donc à lancer dès maintenant. » Aux Rousses, on est un peu plus optimiste. Mais on reste réaliste : "On a des atouts, on est aussi un peu plus haut en altitude que certains, et on a peut-être un peu plus de temps. Il n'empêche que nous devons nous aussi enclencher la transition."
Le constat étant fait, les professionnels vont devoir désormais imaginer leur station de demain. Avec un paramètre fort : d’après Olivier Erard, la fin de l’exploitation du ski alpin engendrera une baisse de l’ordre de 50 % des retombées touristiques sur le territoire. « On s’adaptera, se montre, confiant, Jean-Luc Saintot, premier adjoint au maire de Chapelle-des-Bois ; depuis trois ans, on constate une arrivée massive du tourisme nature en été. Avec des problématiques de sur-fréquentation, notamment autour de nos lacs. L’enjeu, aujourd’hui, il est plus de travailler autour de cette problématique que sur celle des skieurs alpins. »
Pour aider les acteurs du tourisme de montagne à réussir leur transition, l’Etat et la Région se sont engagés à parité dans un « Plan Montagne » à très court terme (2021-2022). Doté de 34 millions d’euros, il est destiné à soutenir les investissements permettant de développer un tourisme plus diversifié et plus durable. Une aubaine pour les professionnels présents à Prémanon, qui ont promis de se revoir très vite pour construire, ensemble, les montagnes du Jura de demain.
Les conclusions avec Maxime Champemont, chargé de mission tourisme à la Région Bourgogne-Franche-Comté :
Le Jura, dans sa bulle ?
En 2043, la frontière suisse sera-t-elle encore ouverte ? Nos forêts auront-elles disparu ? Pourrons-nous voyager depuis notre canapé ? Lors d’un atelier de design fiction, les participants aux états généraux du tourisme en montagne avaient comme mission de se projeter en 2043 ; réunis en ateliers de groupe, ils avaient comme consigne de « sortir du cadre ». Autrement dit, ils avaient carte blanche. Au final, ils ont rendu 10 copies, 10 récits plus ou moins réels, plus ou moins imaginables. Sylvain Philippe, directeur de la station de Métabief, est parti du principe que les montagnes du Jura seraient totalement sanctuarisées en 2043. Pour lui et son groupe, plus qu’une solution désormais pour visiter le Jura : la « Jura Bulle », le Jura reconstitué dans une bulle totalement hermétique. Récit :
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