Après la pluie, le soleil ! En crise depuis quelques mois, la filière hydrogène semble retrouver des couleurs. Le forum Hydrogen Business for climate, qui s’est tenu à Belfort jeudi 4 décembre 2025, confirme la tendance.
C’est reparti ! Dans le doute il y a un an, les acteurs de la filière hydrogène affichent de nouveau un large sourire, alors que s’ouvre la cinquième édition du forum Hydrogen Business for climate, à Belfort, jeudi 4 décembre 2025. Privés de vision l’an dernier, ils ont depuis reçu quelques assurances de la part de l’Etat, annoncées en avril dernier à Allenjoie, mais aussi de l’Europe.
Les marchés commencent enfin à s’ouvrir. Il était temps. Quelques sociétés se sont effondrées, par manque de trésorerie. D’autres ont été sauvées, à l’image de McPhy Energy (Foussemagne – territoire de Belfort), racheté par John Cockerill Hydrogen. La plupart ont courbé l’échine. Mais elles se relèvent : « Notre mot d’ordre, c’est : on accélère » confirme Axelle CHATAIN-GIGOU, directrice des ventes de la société Mincatec Energy.
Mincatec Energy doit démarrer la production de ses réservoirs de stockage d’hydrogène d’ici la fin de l’année, à Belfort. Photo : Xavier DUCORDEAUX
Sa société fabrique à Belfort des réservoirs de stockage d’hydrogène basse pression en hydrures métalliques. « Nous étions en Chine la semaine dernière : nous sommes encore en avance sur eux au niveau technologique, et toujours un peu moins cher. Mais ils progressent très vite » avance-t-elle. Des propos qui font échos à ceux de Philippe BOUCLY, président de France Hydrogène, présent au forum belfortain : « La Chine a clairement choisi de miser sur l’hydrogène, en l’intégrant à son plan stratégique quinquennal. En France, on a 5 camions à hydrogène. Eux, ils en ont déjà 10 000. Il faut changer d’échelle. »
En Bourgogne-Franche-Comté, le soutien des collectivités ne faiblit pas. Pour son premier forum en tant que Président de Région, Jérôme DURAIN s’inscrit dans la lignée de sa prédécesseuse Marie-Guite DUFAY, inconditionnelle supportrice de l’hydrogène depuis plus de 20 ans :
Jérôme DURAIN, président de la Région Bourgogne-Franche-ComtéIl y a des stops and go, des hésitations, au niveau national. Mais au niveau régional, vous pouvez compter sur une filière qui est portée collectivement. Nous ne sommes pas dans un sprint. Nous sommes dans une course de fond et nous ne manquerons pas de souffle pour porter cette question de l’hydrogène.
Jérôme DURAIN, président de la Région Bourgogne-Franche-Comté. Photo : Xavier DUCORDEAUX
La tournée des stands a permis au président de Région de constater la belle dynamique portée par les entreprises de Bourgogne-Franche-Comté : la startup Gehny (Allenjoie) annonce « des résultats de tests records » réalisés en Chine, lui ouvrant les portes de l’exportation en Asie pour sa technologie d’électrolyseurs fabriqués sans matériaux rares. Innocel (Belfort), créateur de piles à combustibles à forte puissance, annonce 50 commandes de générateurs en 2026 (Royaume-Unis, Pays-Bas, Europe du Nord), un chiffre à comparer aux 5 unités vendues en 2025.
Texys Group, Gen-Hy, John Cockerill Hydrogen et Inocel : quatre acteurs majeurs de l’hydrogène en Bourgogne-Franche-Comté. Photo : Xavier DUCORDEAUX
Aux côtés des géants, de plus petites structures proposent leurs innovations : l’entreprise bisontine Clhynn présente sa première pile à combustible disposant de sa propre source d’hydrogène, duplicable du format XXL à XS : « Nous sommes en train de finaliser un contrat avec un groupe suisse pour lui fournir de l’hydrogène pour alimenter les piles de ses montres » promet Jean-Patrick Corso, CEO et co-fondateur de Clhynn. Chez H2Sys (Belfort), après avoir connu une période difficile, l’heure est au rebond : « Enfin, ça décolle » souffle Sébastien FAIVRE, co-fondateur de la startup. Un client anglais vient de lui commander 300 mats d’éclairage alimentés à l’hydrogène, présentant l’avantage d’être 0 émission pour une autonomie de 240 heures d’utilisation.
Clhynn (en haut) et H2SYS (en bas) veulent tirer leur épingle du jeu. Photo : Xavier DUCORDEAUX
Du côté des mobilités, les projets se font plus rares. Mais ils sont spectaculaires. A l’image de la splendide Ligier JS2 RH2, développée à Magny-Cours (Nièvre), présentée sur le parvis de l’Atria de Belfort : créée par Ligier Automotive, cette voiture de course à hydrogène a effectué plus de 7 000 kilomètres d’essais, validant ainsi la fiabilité et les performances de son système hydrogène gazeux. Ses créateurs l’annoncent : « En 2028, les 24H du Mans doivent ouvrir l’épreuve aux voitures hydrogène. Nous y serons. Pas pour participer, mais pour jouer la gagne ».
La Ligier JS2 RH2 bientôt prête à affronter le sélectif circuit du Mans. Photo : Xavier DUCORDEAUX
Promise à un bel avenir, ralentie dans son élan ces dernières années, la filière hydrogène trouve donc un second souffle. La Région semble avoir fait le bon choix en misant sur l’hydrogène et en injectant 100 millions d’euros sur 10 ans (2019 – 2029) pour soutenir son développement. Les rames TER H2, commandées en 2020, devraient enfin arriver fin 2026. Quant à l’école de l’hydrogène, projet collaboratif rassemblant 17 partenaires autour de l’enjeu des compétences, elle se concrétisera en 2026, grâce à l’appui d’une dotation France 2030 de 6 millions d’euros. Finalement, elle ne va pas si mal la filière hydrogène, non ?
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