Zéro déchet textile : une première en France ?

Créé il y a plus de 20 ans, le chantier d’insertion Interfringues trie et revalorise les vêtements d’occasion de la région doloise (39). Elle vient d’intégrer de nouveaux locaux et veut franchir un cap pour devenir l’un des premiers territoires français zéro déchet en matière de textile.

Les salariés d’interfringues ont le sourire : leur atelier de tri de vêtements d’occasion a plus que doublé. Photo : Xavier Ducordeaux.
Les salariés d’interfringues ont le sourire : leur atelier de tri de vêtements d’occasion a plus que doublé. Photo : Xavier Ducordeaux.

C’est l’un des acteurs régionaux le plus efficace en la matière : le chantier d’insertion Interfringues, basé à Dole, collecte chaque année plus de 560 tonnes de vêtements d’occasion dans le nord Jura. L’association se charge d’effectuer le tri des vêtements, puis de les revaloriser : soit en les revendant dans ses boutiques, soit en assurant leur recyclage (transformation en produits dérivés, ou destruction).

A l’étroit dans ses anciens locaux de 600 mètres carrés, elle inaugurait lundi 23 septembre 2024 son nouveau centre de tri sur plus de 2 000 mètres carrés : « Nous n’avions pas la capacité de tout trier sur place, la moitié des produits repartaient dans le nord de la France ou au Benelux, dans de plus grands centres. Avec ce nouveau centre, nous nous fixons l’objectif de pouvoir tout trier chez nous et de devenir un des premiers territoires zéro déchet textile au niveau national » explique Matthieu Cètre, directeur adjoint de la structure.


 

L’inauguration des nouveaux locaux d’Interfringues a eu lieu lundi 24 septembre 2024, en présence des autorités locales et régionales. Photo : Xavier Ducordeaux.
L’inauguration des nouveaux locaux d’Interfringues a eu lieu lundi 24 septembre 2024, en présence des autorités locales et régionales. Photo : Xavier Ducordeaux.

Pour intégrer ses nouveaux locaux, Interfringue a investi 400 000 €, soutenu par l’Etat (101 000 €), la Région (80 000 €) et le Grand Dole (80 000 €).

Les 35 salariés de la société peuvent désormais travailler dans de bonnes conditions, avec de l’espace. Tous sont des travailleurs en insertion. Ils viennent d’Ukraine, de Syrie, de France. Ils sont exclus du marché du travail classique (demandeurs d’emploi de longue durée, bénéficiaires de minima sociaux, jeunes en situation de grande précarité…). Ils restent un mois, trois mois. Parfois plus. En tout, ce sont 80 personnes qui sortent chaque année des ateliers d’Interfringues, prêtes à retrouver un emploi.


 

Interfringues trie environ 250 tonnes de vêtements chaque année. Dans ces nouveaux locaux, elle espère pouvoir en trier le double à l’avenir. Photo : Xavier Ducordeaux.
Interfringues trie environ 250 tonnes de vêtements chaque année. Dans ces nouveaux locaux, elle espère pouvoir en trier le double à l’avenir. Photo : Xavier Ducordeaux.

Présente pour inaugurer le nouveau site, la Présidente de Région a salué l’engagement de l’association depuis plus de 20 ans :

Ce sont des centaines et des centaines de personnes loin du travail à qui vous avez redonné des projets de vie. Bravo ! Et un double bravo pour votre implication dans le troisième pilier du développement durable : le secteur environnemental. Je constate depuis une dizaine d’années une évolution absolument fantastique de l’économie sociale et solidaire, qui non seulement continue son travail indispensable pour réinsérer les personnes en grande difficulté, mais qui s’implique de plus en plus dans la transition énergétique et écologique.

Marie-Guite Dufay, Présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté
Les vêtements de qualité et en bon état sont revendus dans l’une des trois boutiques Interfringues de Dole. Photo : Xavier Ducordeaux.
Les vêtements de qualité et en bon état sont revendus dans l’une des trois boutiques Interfringues de Dole. Photo : Xavier Ducordeaux.

 

Un bâtiment exemplaire en matière de réemploi

Spécialiste du tri et de la revalorisation des déchets, Interfringues ne pouvait faire autrement que de se tourner vers le réemploi pour l’aménagement de ses nouveaux locaux. En partenariat avec la Région Bourgogne-Franche-Comté et avec l’appui d’Alternatinnov, une société du Doubs spécialisée dans la récupération et reconditionnement des matériaux, Interfringues a réfléchi éco-conception. D’abord en ne touchant pas au bâtiment, et en adaptant ses activités aux espaces existants. La toiture amiantée devait être changée : c’est celle d’un ancien bâtiment viticole de Beaune qui a été récupérée et reposée. L’isolation a été réalisée grâce à un isolant textile créé avec les vêtements récupérés par l’association. Les plafonds suspendus et les étagères ont été récupérées en Saône-et-Loire. Quand aux luminaires, ils ont été démontés, les néons ont été remplacés par des led et ils ont été remontés : « Grâce au réemploi, on estime avoir économisé 173 tonnes de rejets de CO2 dans l’atmosphère rien que sur ce projet » se félicite Matthieu Cètre.

Matthieu Cètre, directeur-adjoint d’interfringues, a piloté le projet de déménagement de l’association. Photo : Xavier Ducordeaux.
Matthieu Cètre, directeur-adjoint d’interfringues, a piloté le projet de déménagement de l’association. Photo : Xavier Ducordeaux.

 

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