BTP : Bonglet crée sa propre école pour assurer ses arrières

Chez Bonglet, on a beau être l’un des leaders dans le secteur de la rénovation et de l’isolation thermique des bâtiments, on n’échappe pas au problème qui frappe toutes les entreprises aujourd’hui : celui du recrutement de nouveaux collaborateurs. Installée à Lons-le-Saunier (39), l’entreprise de 500 salariés peine à embaucher de jeunes peintres, des façadiers, ou encore des itéistes (spécialistes en pose de système d'isolation thermique par l'extérieur).

Un travail en partenariat
De recherches infructueuses en déceptions, elle en a conclu que la seule solution pour attirer de nouveaux salariés, c’était de les former elle-même au sein de sa propre école. L’idée est belle, encore faut-il la concrétiser. Chez Bonglet, on sait ravaler une façade. Mais pas créer une école ! C’est là qu’interviennent différents partenaires.
Sollicitée, la Région inscrit cette formation de peintre-façadier-itéiste dans son Pacte Régional d’Investissement dans les Compétences (PACTE), co-financé par l’État. Elle confie au GRETA le soin d’en assurer l’animation. France Travail se mobilise de son côté pour trouver les futurs candidats qui intègreront la formation, ciblant notamment les personnes les plus éloignées de l’emploi. En parallèle, Bonglet transforme une partie de ses bâtiments en un véritable chantier-école dans lequel les futurs apprenants s’exerceront. Elle détache également un de ses salariés pour assurer les cours théoriques et pratiques.
 

Le 18 novembre dernier, 7 premiers stagiaires demandeurs d’emploi, ainsi que 3 alternants débutent leur formation. Celle-ci durera 8 mois, incluant un stage en entreprise de 6 semaines. Le plateau technique a été inauguré mardi 26 novembre 2024, en présence de Serge Castel, préfet du Jura, Willy Bourgeois, vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté en charge des lycées, de l'offre de formation, de l'apprentissage et de l'orientation, Michel Swieton, directeur régional de France Travail Bourgogne-Franche-Comté, Hervé Bonglet, PDG de la société Bonglet et Nathalie Kerbeci, Présidente du GRETA-CFA Jura.

Oumamou a 17 ans. Le jeune lédonien avait entamé une formation de maçon à Besançon. Mais c’est à Lons-le-Saunier qu’il souhaitait vivre et travailler ; ce sont ses éducateurs qui l’aiguillent vers la formation de peintre façadier itéiste : « Je me suis dit que c’était une bonne idée. Je me suis lancé ; on nous a fait passer des tests. Nous étions une quinzaine. Une sélection a été faite et j’ai été reçu. Ça se passe super bien. En juin, je serai diplômé, et j’en serai fier. »
 

Amandine a plus d’expérience. Âgée de 29 ans, cette habitante de Cousance possède déjà un CAP de peintre. « Mais la plupart des entreprises demandent des bac pro » a-t-elle constaté. Lorsqu’elle entend parler de cette formation par le GRETA, elle démissionne de son poste de peintre en industrie pour ajouter une corde à son arc : « J’ai toujours travaillé sur des murs en intérieur. Ce nouveau métier va m’apprendre à travailler les mêmes murs, mais depuis l’extérieur ! Ça va être enrichissant. »

De son côté, Bonglet espère garder un maximum d’éléments. Mais l’entreprise sait qu’elle œuvre aussi pour d’autres. C’est la contrepartie qu’elle a dû accepter, en échange de la prise en charge financière des formations par la Région et par l’Etat : « Une fois diplômés, les stagiaires pourront partir où ils veulent, confirme Hervé Peutot, directeur des achats Bonglet. D’ailleurs, nous les encourageons à effectuer leurs stages en dehors de chez nous. Bien sûr, on espère garder les meilleurs ! Mais au-delà de ça, nous sommes très heureux de pouvoir transmettre notre savoir et d’être à l’origine du socle d’une vie professionnelle » assure le dirigeant.

Les partenaires feront un premier bilan de l’opération en juin prochain. Le dispositif est pour l’instant financé pour trois ans.