Paris 2024 : Prémanon affûte nos champions

Depuis 2010, l’équipe de France d’aviron a pris l’habitude de se réunir chaque année à Prémanon, en janvier, pour lancer sa saison. Elle était au Centre National de Ski Nordique et de Moyenne Montagne du 15 au 27 janvier 2024 afin préparer l’échéance de l’été : les Jeux Olympiques de Paris 2024.

Entre le Jura et l’équipe de France d’aviron, c’est une vieille et belle histoire d’amour. Sans doute parce que l’un des entraineurs, Alexis Besançon, est lui-même jurassien. Mais aussi et surtout parce que le département dispose d’équipements introuvables dans une autre région : la base nautique de Bellecin et ses eaux du lac de Vouglans pour ramer au printemps ; et le Centre National de Ski Nordique et de Moyenne Montagne (CNSNMM) de Prémanon pour lancer sa saison en hiver. L’équipe de France y installe ses quartiers chaque année au mois de janvier. Elle vient tout juste d’en repartir, après 15 jours de stage intensif entre le 15 et le 27 janvier : « On vient ici depuis 2010 », rappelle Samuel Barathay, le team-manager.

Les 18 athlètes de l’équipe de France d’aviron ont ramé sur ergomètres à Prémanon du 15 au 27 janvier dernier. Photo : Xavier Ducordeaux.

Le programme tourne autour d’activités physiques : ergomètres, musculation, vélo d’intérieur et ski de fond. Pas gâté par l’enneigement, le massif jurassien a offert d’autres alternatives au staff, qui sait s’adapter : « Sur les 8 séances de ski de fond prévu, on en a annulé 2. On a compensé avec plus d’ergomètres, et au final, le volume d’entrainement que l’on a voulu faire a été fait » avance Samuel Barathay.

Samuel Barathay, team manager de l’équipe de France d’aviron. Photo : Xavier Ducordeaux.

Décimé par les blessures, le groupe France s’est présenté à Prémanon avec 18 athlètes : 14 hommes et 4 femmes. On pouvait y croiser Hugo Boucheron et Matthieu Androdias, champions olympiques à Tokyo en 2021. Ou encore Claire Bové, médaillée d’argent avec sa compère Laura Tarantola. Mais aussi des petits nouveaux, ou des plus anciens, qui n’ont pas encore gouté aux joutes olympiques. C’est le cas de Benoît Brunet. A 32 ans, le nordiste participera à ses premiers JO cet été, à Paris.

« Les installations sont top »
Habitué des stages à Prémanon, celui de l’édition 2024 va compter plus que les autres : « Je viens ici depuis 2010, mais c’est la première fois que je l’aborde en vue d’une préparation olympique. On a fait beaucoup de volume. Les installations sont top, et on voit qu’elles vont encore évoluer. J’espère y revenir l’an prochain pour découvrir les nouveautés. » D’ici là, il devra porter cet été le quatre sans barreur masculin français au plus haut sommet de l’Olympe, en compagnie de Téo Rayet et des frères Guillaume et Thibaud Turlan, tous les trois présents également à Prémanon.

6e des derniers championnats du monde, Benoît Brunet (à gauche) veut franchir un nouveau cap à Paris cet été. Photo : Xavier Ducordeaux.

Du côté des équipes du CNSNMM, on s’est plié en quatre pour offrir aux athlètes les meilleures conditions d’accueil et d’entrainement. Et ce n’était pas simple cette année, alors que le site est en plein travaux : « On a tout stoppé pendant 15 jours pour ne pas gêner les athlètes » avoue Nicolas Michaud, le directeur des lieux. Rôdé à l’accueil de délégations sportives de haut-niveau, le jurassien veut proposer chaque année le meilleur pour ses hôtes : « On les cocoone au maximum. On leur met à disposition un membre du staff tous les jours pour gérer la logistique, pour assurer le nettoyage des sites. Nos équipes de restauration s’adaptent à leur rythme. On s’investit pour eux. Au final, il y aura peut-être une médaille olympique. Et quelque part, avec beaucoup d’humilité, on pourra dire qu’on aura apporté notre pierre à l’édifice. »

Hugo Boucheron (à droite) voudra tenter de rééditer sa performance de Tokyo et aller chercher le titre olympique à Paris cet été. Photo : Xavier Ducordeaux.

Alors que les rameurs ont quitté le site, un autre athlète arrive : Thomas Grillot. Numéro 5 mondial, le vététiste a choisi Prémanon et ses équipements hypoxiques (des salles reproduisant les conditions d’entrainement en haute altitude) pour lui aussi préparer ses jeux de Paris : « On va aussi recevoir d’autres cyclistes, comme Guillaume Martin, qui vient chaque année préparer son tour de France. Ou encore la véliplanchiste Hélène Noesmoen ; Et bien entendu, toutes les équipes de France de ski nordique tout l’été : les biathlètes, les skieurs, les sauteurs, les combinards … ». Des équipes qui découvriront un CNSNMM tout neuf (voir-ci-dessous), qui n’a pas fini de briller et de faire briller nos champions.

« Dans le sport de haut niveau, si tu n’avances pas, tu recules »

Huit ans après avoir inauguré son pavillon nordique, le CNSNMM va franchir une nouvelle étape en matière d’accueil de sportifs de haut niveau. En plein travaux, les espaces dédiés à la musculation seront entièrement transformés : « On crée deux nouvelles salles de musculation, trois lignes d’athlétisme en tartan pour travailler la vitesse. Ainsi que des bureaux, une salle de réunion et un espace de convivialité » explique Nicolas Michaud. Quant à la salle de musculation actuelle, elle sera dédiée aux espaces médicaux et au paramédical : « On cherche d’ailleurs un médecin pour venir s’installer », confirme le patron du CNSNMM.

Nicolas Michaud, à droite aux côtés de Willy Bourgeois, vice-président de la Région en charge des politiques sportives. Photo : David Cesbron.
Nicolas Michaud, à droite aux côtés de Willy Bourgeois, vice-président de la Région en charge des politiques sportives. Photo : David Cesbron.

Un box kiné, un box ostéo, un autre pour la nouvelle nutritionniste, et un dernier pour un psychologue : le futur espace accueillera également une salle d’étirement, un espace test de suivi de la performance avec tapis roulant, et une salle d’entrainement hypoxique. Les travaux devraient être terminés au printemps 2024. « On réfléchit également à rénover les logements pour tirer vers l’hôtellerie. Aujourd’hui, on est plus sur du logement de collectivité, et ce n’est plus ce que recherche les équipes de haut niveau » avance Nicolas Michaud qui a fait de son diction favori sa boussole : « dans le sport de haut niveau, si tu n’avances pas, tu recules ».

Nos athlètes régionaux posent en famille, avec ou sans médaille autour du cou. Photo : Xavier Ducordeaux.

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