10 ans de bio et soyeux sorbets

Elle y est revenue. Fille d’agriculteurs, Sylvie Guigue n’a pas voulu suivre la trace de ses parents. Elle a préféré faire carrière dans le paramédical. Mais à presque 40 ans, le rappel de la terre a sonné : « La crise de la quarantaine ! » s’amuse à dire la Bressane. Convertie à la nourriture bio depuis plusieurs années, elle fait une pause professionnelle en 2007, le temps d’un congé parental : « Le milieu médical me fatiguait. Je voulais faire autre chose. Je connaissais Denis Juhé, producteur de glaces bio à Saint-Etienne-en-Bresse ; j’étais cliente. Proche de la retraite, je lui ai demandé lequel de ses fils allait reprendre l’exploitation. Il m’a dit : aucun. Ca a fait tilt. Je me suis dit, il y a quelque chose à faire ». Sylvie fait un essai au printemps 2008. Elle est convaincue, c’est ça qu’elle veut faire. Elle passe un BP Responsable d’Entreprise Agricole, option maraîchage bio, à Fontaine (71). La veille de ses 40 ans, elle s’associe à Denis Juhé et son entreprise Sorbiop – le jardinier glacier. Ils font cause commune durant trois années. Denis lui apprend les ficelles du métier. Et lorsqu’il prend sa retraite en 2012, elle récupère seule les commandes de la société.

Un chiffre d’affaires multiplié par 2 en 10 ans
A l’aide de son unique sorbetière, elle produit entre 12 000 et 14 000 litres de glace artisanale par an. Pour moitié avec ses propres produits, issus de son verger : tous les fruits rouges (framboise, fraise, cassis, mûre, groseille, griotte), mais aussi la prune, la pêche de vigne, la menthe, la verveine et l’agastache, plante médicinale au goût de réglisse. Elle enrichit la gamme avec d’autres produits : le citron, la poire, la mangue, l’abricot, la vanille, le chocolat… Toujours issus de la filière biologique. Elle s’adapte même aux nouveaux modes de consommation, et confectionne ses glaces au lait de riz : « C’est moins gras, plus digeste. C’est une question d’habitude, mais moi, aujourd’hui, je ne peux plus manger une glace à la crème. » En l’espace de 10 ans, elle a doublé son chiffre d’affaires, notamment en travaillant mieux son système de vente directe. Pour aller au bout de ses convictions, Sylvie a également repensé totalement son atelier de production, avec une nouvelle construction bois à énergie positive : panneaux photovoltaïques, isolation ouate de cellulose, puit canadien, système de récupération de chaleur sur la chambre froide… « Désormais, je suis en accord avec moi-même ».