Pendant cinq jours à Montbéliard, 1 700 étudiants ont participé au challenge de l’innovation organisé par l’Université technologique de Belfort-Montbéliard. Un exercice pédagogique grandeur nature mis sur pied en partenariat avec des entreprises, associations et collectivités.
Attention, matière grise en effervescence ! Du lundi 13 au vendredi 17 mai, la salle L’Axone, à Montbéliard (25), est devenue une fourmilière d’idées où cogitent 1 700 élèves ingénieurs –la moitié des effectifs de l’Université technologique Belfort-Montbéliard (UTBM) et des étudiants venus de Suisse, Pologne, Togo– mais aussi une centaine de « coachs », enseignants et représentants de la soixantaine d’entreprises partenaires.
Premier défi technologique universitaire français
Tous sont réunis pendant cinq jours, à l’initiative de l’UTBM, pour la troisième édition du premier défi technologique universitaire français, baptisé Crunch Time. « Ce terme désigne un moment de concentration intense, décode l’organisateur Olivier Lamotte, ingénieur de recherche. Par extension, il évoque le fait de se rassembler pour mettre au point une innovation. »
L’innovation, c’est bien le maître-mot de cet exercice pédagogique hors norme. En effet, 160 groupes d’une dizaine d’étudiants ont été constitués arbitrairement –les élèves sont issus de filières et de niveaux différents– afin de plancher sur des problématiques soumises par des entreprises, collectivités ou associations. « Ils doivent s’organiser comme dans une entreprise où chacun apporte ses compétences. »
Les sujets sont très divers : de la mesure de quantités de sable dans une sablière pour Alstom à l’élaboration d’une plateforme numérique de la santé pour le Pays Mâconnais en passant par la transformation d’un ancien moulin à vent en éolienne. En fin de semaine, les participants présentent leur solution grâce à une maquette physique ou numérique. Montage en carton, impression en 3 D ou découpe-laser, un fa-lab délocalisé à l’Axone permet de donner forme à leurs idées.
Ouvrir les portes des entreprises
« Le Crunch Time offre à nos élèves l’opportunité de rencontrer des professionnels avec qui ils collaborent dans un cadre pédagogique ; c’est comme si ils vivaient leurs premiers jours dans le monde du travail, explique Olivier Lamotte. L’événement nous a ouvert les portes de beaucoup d’entreprises et nous a permis de gagner des places dans les classements des écoles. » Après ce temps fort, l’expérience peut se poursuivre pour les futurs ingénieurs via des stages ou des projets industriels innovants.
Bientôt des vaches charolaises connectées ?
« Quand la Région Bourgogne-Franche-Comté nous a proposé de participer au Crunch Time, je ne voyais pas trop ce que le monde agricole pouvait attendre d’ingénieurs spécialisés dans l’automobile et le ferroviaire, reconnaît Didier Sauvage, chef de projet à la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Nous sommes quand même venus en 2018 avec une proposition : fixer des capteurs connectés sur les boucles d’identification des vaches allaitantes au pré. Et au bout de 4 jours, des étudiants nous ont fabriqué un premier prototype. » Le projet s’est poursuivi cette année avec le travail de deux stagiaires de l’UTBM et des premiers tests in-situ seront réalisés cet été sur le troupeau de la ferme expérimentale de Jalogny (71). Ainsi connectées, les charolaises pourront transmettre à leur propriétaire, via un réseau bas débit, des informations sur leur géolocalisation ou leur température corporelle.
Mettre en relation des acteurs pour imaginer de nouveaux usages du numérique, c’est aussi le rôle de la Région Bourgogne-Franche-Comté. La collectivité participe au financement du Crunch Time et a proposé 25 sujets d’ « idéation » (processus créatif de l’idée à la réalisation) aux futurs ingénieurs. Dont trois encore soumis cette année par la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. « Grâce à la mise en commun de toutes ces compétences, on gagne des années à être là » conclut Didier Sauvage.
Paroles de « crunchers »
Des innovations numériques pour un festival
« Notre groupe a été sollicité par le festival de la Paille à Métabief (25) qui nous a demandé de trouver des innovations numériques qu’ils pourraient déployer. Pour identifier nos besoins nous avons établi un atelier de créativité. Cela consiste à répartir les différents sujets dans trois catégories distinctes : sécurité, technologie et artistique. Au final, quatre solutions se sont présentées à nous : le dôme, le gobelet avec une puce électronique, un hologramme et des lunettes de réalité virtuelle. Pour ma part j’ai été très content de tomber sur ce sujet-là. J’appréhendais beaucoup car je ne suis qu’en première année. J’avais peur de tomber sur un sujet comportant beaucoup de technicité, ce qui m’aurait empêché d’être autant impliqué que je ne le suis à présent ».
Thibault (1re année - tronc commun)
Un piquet de vigne intelligent
« Avec mon groupe, nous avons décidé de concevoir un système de capteur sur les piquets de vigne. Après avoir choisi cette solution nous avons dû développer les dimensions du capteur. L’objectif de ce capteur est de détecter des informations telles que le taux d’humidité et CO2, la température ainsi que la durée de passage des tracteurs. Afin que la Chambre d’agriculture (71) puisse se projeter nous avons établi une maquette. Personnellement, je n’ai aucune connaissance dans le domaine de la viticulture ce qui m’a donné encore plus envie de travailler sur ce sujet. Le fait de venir de différentes spécialisations est un plus car nous avons pu compléter chaque problème avec nos compétences distinctes ».
Benjamin (2e année - génie mécanique et conception)
Création d’un tiers-lieu mobile
« Le Pays Lédonien (39) nous a donné la mission de réunir deux camions fab-lab ensemble afin de créer un tiers-lieu mobile. Nous nous sommes répartis en deux groupes. L’un travaillant sur l’aménagement intérieur et l’autre sur l’assemblage. La solution trouvée a été d’assembler ces camions à l’arrière, permettant le passage des câbles réseau internet ainsi que l’agrandissement des camions à l’aide d’une bâche. Je ne connaissais aucun de mes camarades du groupe. Malgré nos spécialités et nos attentes différentes nous avons réussi à nous entendre et à coordonner nos actions sur ce projet ».
Colin (4e année - énergie)
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